Les tré­sors de la Mer Rouge #1

Les tré­sors de la Mer Rouge #1

Méprisez quelqu'un pendant des générations et vous avez une bonne chance de le rendre méprisable, jusqu'au jour où, les armes à la main, il reconquiert sa dignité... Il me regarde avec ce sourire informé de ceux qui, pour avoir été trop longtemps privés de dignité,...

L’ombre de la route de la soie #2

L’ombre de la route de la soie #2

Que voyaient-ils donc ? Qu'espéraient-ils ? Ils marchaient dans une robuste euphorie, le pas énergique. Le divin était tout pour eux, il en devenait palpable. Que l'on fasse tourner un moulin à prière, que l'on allume une lampe à beurre, et quelque chose se mettait en...

L’ombre de la route de la soie #2

L’ombre de la route de la soie #1

La route se fit dépouillée. Plus rien ne venait l'adoucir ou la balafrer. Quand on parvenait au sommet d'une côte, on découvrait l'immobilité lunaire de collines arrondies que frôlait un maigre soleil, et des vallées érodées jusqu'au gris aluminium ou tapissées du...

La val­lée des rubis #2

La val­lée des rubis #2

Je ne vous mène pas à l'intérieur, dit Maung Khin Maung, et sa voix exprimait une émotion singulière. Il faudrait des jours et des jours, et encore vous n'auriez fait qu'une partie du chemin. Je ne crois pas qu'il existe aujourd'hui un mineur, même parmi les plus...

La ten­ta­tion de l’Oc­ci­dent #3

La ten­ta­tion de l’Oc­ci­dent #3

Les formes successives d’une âme n’ont pas d’autre rapport entre elles que celui qu’ont le nuage et les plantes que sa pluie fait croître. Vous savez que la créature n’a aucun souvenir de ses états antérieurs. Il est difficile de limiter cette idée avec des paroles...

La val­lée des rubis #2

La val­lée des rubis #1

Je fermai un instant les yeux pour mieux imaginer, mieux voir ce que suggéraient ces paroles. Les cataractes crevaient le ciel, noyaient l'horizon et, sous les trombes d'eau, les petits hommes jaunes cherchaient dans la boue les morceaux de minerai précieux... Quand...

L’al­cool et la nostalgie

L’al­cool et la nostalgie

Quand je l'ai rencontrée à Paris nous avions dix huit ans à peine, je débarquais de ma province et j'avais l'impression de sortir de prison, de rentrer du Goulag, de Magadan ou d'ailleurs et de retrouver une liberté qu'en réalité je n'avais jamais connue, à part dans...

Pierre Loti

Pierre Loti

Ceci est un bien petit livre, et sans doute je n'aurais pas dû le publier ; il ne semblera tolérable qu'à mes amis, connus ou inconnus. Que les lecteurs indifférents me le pardonnent, d'autant plus que ce sera le dernier peut-être....

Pierre Loti

Ang­kor #1

De retour, dix ans plus tard, dans son musée d'enfant, il sent la même odeur de mort. Même les rêves d'enfant ne sont pas immortels et se couvrent de poussière. Cette triste découverte donne à Loti le sens du voyage d'Angkor comme d'une leçon de sagesse que le...

Petit réper­toire des rêves d’un long été

J’ai tou­jours aimé les jour­nées chaudes, brû­lantes, pen­dant les­quelles je m’esquinte la peau au soleil brû­lant, tou­jours avec excès, jamais avec modé­ra­tion, jusqu’à la nau­sée, aux trem­ble­ments fébriles. Une jour­née passe et je suis à nou­veau sur pied. J’ai des sou­ve­nirs de jour­nées tor­rides, cloî­tré der­rière les stores bais­sés, dans une semi-obs­cu­ri­té d’où on ne voit per­cer que quelques fins rayons de soleil sur le tapis.

Moka au bar au Bar Bam­boo Metropole

L’Indochine n’existe pas. Elle n’existe plus que dans les manuels d’histoire et dans les romans de Mar­gue­rite Duras, dans les récits de Fran­çois Bizot et les mémoires de guerre de Jon Swain. L’idée de l’Indochine, c’est une image sur­an­née de teintes pas­telles, empruntes de colo­nia­lisme et d’une cer­taine nostalgie.

Moka au bar au cà phê hòa tan

Une odeur de lait chaud me cueille au petit matin, sur­pris comme un vieux chat qui aurait lou­pé une marche, une odeur de lait chaud qui me fait ins­tan­ta­né­ment pen­ser au salon d’un hôtel de Londres, non loin de la gare dont le nom est asso­cié à l’ours. Pad­ding­ton. Odeur de café brû­lant… de tar­tines grillées… de confi­ture… odeur de bacon grillé et de scram­bled eggs…

Je suis tou­jours dans la pièce d’à-côté

Quelle jour­née étrange, quelle jour­née étrange…
Après avoir hiber­né en plein été pen­dant plus d’une semaine parce que je me suis fait rat­tra­pé par un sale virus qui court pas mal ces der­niers temps, j’ai vécu une étrange journée.

Par­fois, il est ques­tion de Dieu, par­fois non

Le hasard n’existe pas, m’a‑t-on déjà dit plu­sieurs fois. Il n’existe pas, n’existent que des cor­res­pon­dances. Le monde entier ne peut être que le fait du hasard, d’un chaos sans ordre régi par des lois pré-éta­blies, pas plus qu’il ne peut être fait d’une déter­mi­na­tion ori­gi­nelle qui pré­ten­drait que tout est pré­vu, orga­ni­sé, et donc se pré­vau­drait d’un com­men­ce­ment et d’une fin qui sont déter­mi­nables par avance, mêmes si les cri­tères qui le consti­tuent sont émi­nem­ment complexes.

Nous irons voir com­ment c’é­tait avant

J’ai tou­jours vécu en France, un peu voya­gé mais pas tant que ça, quelques sauts de puce sur le globe qui m’ont per­mis de voir autre chose que mon pays, de sen­tir d’autres par­fums, de m’i­ma­gi­ner que l’autre qui vit au bout de la terre n’est pas si dif­fé­rent que celui qui vit juste à côté de nous. Cet étran­ger est même par­fois moins dif­fé­rent de soi que celui qui, pré­ci­sé­ment, nous semble le plus familier.

On n’en a pas fini avec Byzance, ni avec Constan­ti­nople d’ailleurs…

Bir varmış, bir yok­muş. Voi­là. Nous y sommes. Les lubies d’une col­lègue qui revient de voyage, un guide tou­ris­tique datant de 2007 et qui contient quelques infor­ma­tions fausses (il exis­te­rait une syna­gogue toute en bois à Fener qu’on pour­rait visi­ter, elle n’existe plus depuis 1937 et était construite en pierre), la lec­ture de mes car­nets de voyages sur mon blog (…)

La tur­bine

Dans son petit appar­te­ment du centre-ville, les rideaux tirés, volets fer­més, il est presque trois heures du matin lorsqu’elle ouvre un œil, les deux, entre ses pau­pières lourdes du som­meil qu’elle vient de subir. Ses longs che­veux raides épar­pillés sur l’oreiller, la joue col­lée des­sus et la bouche sèche, elle ne bouge pas, les yeux entr’ouverts.

L’homme sans clefs

Il est en train de perdre ses clefs mais il ne le sait pas. Pas encore. Et puis de toute façon ça ne veut rien dire, on ne peut pas être en train de perdre ses clefs, c’est quelque chose de sou­dain ou dont on se rend compte après coup, dans aucune langue la forme pro­gres­sive ne per­met de dire qu’on est en train de perdre ses clefs. Et pour­tant. Il est bien en train de perdre ses clefs.

Sale gosse

Je suis un petit con, du haut de mon âge avan­çant, de mes che­veux poivre et sel et de ma vue qui baisse, un petit con qui fait n’importe quoi, qui agit et réflé­chit après, mais ce n’est pas grave, ça se finit tou­jours bien. Même mal, tout se passe.