Lettres de voyage

Lettres de voyage

Alors que ma main tremble légè­re­ment à cause d’une ten­di­nite qui a cru bon de s’ins­tal­ler et ne pas vou­loir reprendre son envol depuis deux mois, alors que mon bras est endo­lo­ri et réclame le repos qui lui est dû, je conti­nue d’é­crire sur mon car­net avec une cer­taine emphase, vidant la car­touche d’encre qui se répand sur le papier épais, et contre toute attente, il me semble écrire si vite que l’encre peine à des­cendre de son fût au bon rythme, la plume racle alors le papier dans un désa­gréable cris­se­ment lisse qui m’a­gace autant par son bruit mal­ve­nu que par cette inca­pa­ci­té de l’ou­til à suivre mon désir. Je ne pen­sais pas pou­voir réécrire un jour autant, si vite, avec autant d’ai­sance, moi qui suis deve­nu l’es­clave au quo­ti­dien d’un cla­vier habi­tué désor­mais à ne plus taper que des compte-ren­dus de réunions, dres­ser des tableaux de cal­culs imbi­tables et rem­plir des cases dans des dos­siers de demandes de sub­ven­tions. Le flux ne m’a visi­ble­ment jamais quit­té. Ce n’é­tait appa­rem­ment qu’une ques­tion de paresse.

Ce n’est une bonne nou­velle que pour moi, qui n’a pas vrai­ment d’in­ci­dence sur l’ordre des choses, ni sur le cours de l’exis­tence. Mon jour­nal troué a repris vie là où je m’é­tais arrê­té, aga­cé cer­tai­ne­ment par des tranches de vie où je ne sup­por­tais plus d’a­voir sur le dos des emmerdes dans les­quelles je m’é­tais four­ré seul, et non content de les avoir exor­ci­sées, j’ai fini par croire que la fata­li­té n’est pas une orien­ta­tion qu’il faut suivre aveu­glé­ment. Rien n’ar­rive pas hasard, mais rien non plus n’est défi­ni­tif, et les revers de for­tune ne sont que des pierres blanches que le temps finit par recou­vrir de mousse. Oui, il faut avoir l’es­prit dis­po­nible et pour cela, on doit par­fois éva­cuer les gens qui vous pol­luent, parce que mal­veillants, sots, ou cal­cu­la­teurs. Hop. Fini. Der­rière. J’ai pris soin de relire ce que j’a­vais écrit là où j’a­vais lais­sé les choses se faire ; j’ai alors mesu­ré à quel point j’ai été idiot. Aujourd’­hui, je reprends l’é­cri­ture, mais pas que. J’é­cris des lettres de mes voyages, illus­trées. Le livre que j’ai écrit est figé dans le temps, il cor­res­pond à une époque et sera sans suite. Je passe à autre chose, qui me pren­dra du temps mais qui cor­res­pond plus désor­mais à ma façon de voya­ger. Ce que j’y recherche n’est pas tant le goût du dépay­se­ment que le sou­hait de me confron­ter à l’in­con­nu. Il y a mille façon de se faire cha­hu­ter au quo­ti­dien, mais rien ne cha­hute autant que l’in­des­crip­tible monde facé­tieux qui s’ouvre aux fron­tières de chez nous ; et quand je dis aux fron­tières, c’est à la porte, là, dehors, une fois le seuil pas­sé du por­tail. Alors voi­là, je n’ai plus de limites, je m’en­traîne là où j’ai le désir d’al­ler, dans des péré­gri­na­tions réelles ou ima­gi­nées, au fil de pages qui seront l’ex­pres­sion sin­cère de mes envies et de mes dési­rs, avec de temps en temps des extraits de L’u­sage du monde, de Nico­las Bou­vier, comme celui-ci où il est ques­tion des mouches asia­tiques, dont seul lui sait par­ler avec autant de réa­lisme et de poé­sie mêlés. 
Lettres de voyages — Car­net. Page 1
J’aurai long­temps vécu sans savoir grand-chose de la haine. Aujourd’hui j’ai la haine des mouches. Y pen­ser seule­ment me met les larmes aux yeux. Une vie entiè­re­ment consa­crée à leur nuire m’apparaîtrait comme un très beau des­tin. Aux mouches d’Asie s’entend, car, qui n’a pas quit­té l’Europe n’a pas voix au cha­pitre. La mouche d’Europe s’en tient aux vitres, au sirop, à l’ombre des cor­ri­dors. Par­fois même elle s’égare sur une fleur. Elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, exor­ci­sée, autant dire inno­cente. Celle d’Asie, gâtée par l’abondance de ce qui meurt et l’abandon de ce qui vit, est d’une impu­dence sinistre. Endu­rante, achar­née, escar­bille d’un affreux maté­riau, elle se lève matines et le monde est à elle. Le jour venu, plus de som­meil pos­sible. Au moindre ins­tant de repos, elle vous prend pour un che­val cre­vé, elle attaque ses mor­ceaux favo­ris : com­mis­sures des lèvres, conjonc­tives, tym­pan. Vous trouve-t-elle endor­mi? elle s’aventure, s’affole et va finir par explo­ser d’une manière bien à elle dans les muqueuses les plus sen­sibles des naseaux, vous jetant sur vos pieds au bord de la nau­sée. Mais s’il y a plaie, ulcère, bou­ton­nière de chair mal fer­mée, peut-être pour­rez-vous tout de même vous assou­pir un peu, car elle ira là, au plus pres­sé, et il faut voir quelle immo­bi­li­té gri­sée rem­place son odieuse agi­ta­tion. On peut alors l’observer à son aise : aucune allure évi­dem­ment, mal caré­née, et mieux vaut pas­ser sous silence son vol rom­pu, erra­tique, absurde, bien fait pour tour­men­ter les nerfs – le mous­tique, dont on se pas­se­rait volon­tiers, est un artiste en com­pa­rai­son. Cafards, rats, cor­beaux, vau­tours de quinze kilos qui n’auraient pas le cran de tuer une caille; il existe un entre-monde cha­ro­gnard, tout dans les gris, les bruns mâchés, beso­gneux aux cou­leurs minables, aux livrées subal­ternes, tou­jours prêts à aider au pas­sage. Ces domes­tiques ont pour­tant leurs points faibles – le rat craint la lumière, le cafard est timo­ré, le vau­tour ne tien­drait pas dans le creux de la main – et c’est sans peine que la mouche en remontre à cette pié­taille. Rien ne l’arrête, et je suis per­sua­dé qu’en pas­sant l’Ether au tamis on y trou­ve­rait encore quelques mouches. Par­tout où la vie cède, reflue, la voi­là qui s’affaire en orbes mes­quines, prê­chant le Moins – finissons-en…renonçons à ces pal­pi­ta­tions déri­soires, lais­sons faire le gros soleil – avec son dévoue­ment d’infirmière et ses mau­dites toi­lettes de pattes. L’homme est trop exi­geant: il rêve d’une mort élue, ache­vée, per­son­nelle, pro­fil com­plé­men­taire du pro­fil de sa vie. Il y a tra­vaille et par­fois il l’obtient. La mouche d’Asie n’entre pas dans ces dis­tinc­tions-là. Pour cette salope, mort ou vivant c’est bien pareil et il suf­fit de voir le som­meil des enfants du Bazar (som­meil de mas­sa­crés sous les essaims noirs et tran­quilles) pour com­prendre qu’elle confond tout à plai­sir, en par­faite ser­vante de l’informe. Les anciens, qui y voyaient clair, l’ont tou­jours consi­dé­rée comme engen­drée par le Malin. Elle en a tous les attri­buts : la trom­peuse insi­gni­fiance, l’ubiquité, la pro­li­fé­ra­tion fou­droyante, et plus de fidé­li­té qu’un dogue (beau­coup vous auront lâché qu’elle sera encore là). Les mouches avaient leurs dieux : Baal-Zeboub (Bel­zé­buth) en Syrie, Mel­kart en Phé­ni­cie, Zeus Apo­myios d’Elide, aux­quels on sacri­fiait, en les priant bien fort d’aller paître plus loin leurs infects trou­peaux. Le Moyen-Age les croyait nées de la crotte, res­sus­ci­tées de la cendre, et les voyait sor­tir de la bouche du pécheur. Du haut de sa chaire, saint Ber­nard de Clair­vaux les fou­droyait par grappes avant de célé­brer l’office. Luther lui-même assure, dans une de ses lettres, que le Diable lui envoie ses mouches qui “ “conchient son papier” “. Aux grandes époques de l’empire chi­nois, on a légi­fé­ré contre les mouches, et je suis bien cer­tain que tous les Etats vigou­reux se sont, d’une manière et de l’autre, occu­pés de cet enne­mi. On se moque à bon droit – et aus­si parce que c’est la mode – de l’hygiène mala­dive des Amé­ri­cains. N’empêche que, le jour où avec une esca­drille les­tée de bombes DDT ils ont occis d’un seul coup les mouches de la ville d’Athènes, leurs avions navi­guaient exac­te­ment dans les sillages de saint Georges.
 
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Retour sur terre en com­pa­gnie des toutes petites choses

Retour sur terre en com­pa­gnie des toutes petites choses

Ce n’est pas vrai­ment l’en­fer, mais c’est tout de même bien loin d’être le para­dis. Trois semaines en dehors des choses connues et l’es­prit com­plè­te­ment relâ­ché, et je suis inca­pable de me réadap­ter com­plè­te­ment à la vie d’i­ci. C’est comme si j’é­tais res­té dans un entre-deux de la connais­sance, que tout me sem­blait éloi­gné de mes pré­oc­cu­pa­tions, si tant est que j’aie encore des préoccupations.

Tout est étran­ge­ment silen­cieux et calme, confor­table et je trouve étrange de n’a­voir pas beau­coup de sou­ci à me faire. C’est comme un cocon de dou­ceur qui m’en­ve­loppe. La dou­ceur rêvée des ins­tants calmes et des rêves qui se font dis­crets, qui hantent mes journées.

Je fais n’im­porte quoi, je lis trois livres à la fois, je joue à la belote avec des incon­nus, je relis mon car­net de voyage en Thaï­lande pour faire reve­nir les odeurs et les sen­sa­tions qui sont tou­jours très pré­sentes, je des­sine des motifs arabes sur un grand cahier en me deman­dant encore à quel moment je vais pas­ser à la réa­li­sa­tion de ces pein­tures que je sou­haite appli­quer sur les contre-marches de mon esca­lier, et si je suis comme ça c’est que je vis encore à l’heure asia­tique. La tem­po­ra­li­té n’est pas la même. Les quelques Thaïs que j’ai ren­con­trés au long de mes dif­fé­rents voyages ne sont pas des gens pres­sés, rien ne semble affec­ter leur déter­mi­na­tion à ne pas être déter­mi­nés dans leurs actions. C’est quelque chose d’as­sez désta­bi­li­sant lorsque l’an­goisse de ne pas être à l’heure que l’on res­sent et que l’on essaie de ne pas trop mon­trer n’est pas du tout per­çue de la même manière par un chauf­feur de taxi abso­lu­ment non­cha­lant et tai­seux, qui, lorsque vous lui faites remar­quer que c’est hal­lu­ci­nant ces embou­teillages à sept heures du matin vous sou­rit d’un air com­pa­tis­sant en repre­nant sa conver­sion avec son pote au télé­phone. De toute façon, que peut-il y faire ? A part s’en foutre, il ne lui reste qu’à conti­nuer de rou­ler cul à cul sur la seule route qui mène à l’aé­ro­port. Tout ce qui arrive… arrive. Désta­bi­li­sant aus­si cette étrange facul­té à ne jamais se démon­ter parce que visi­ble­ment, tout ceci ne ren­tre­ra pas dans le coffre du taxi ; ça finit tou­jours par ren­trer. Un car bloque la cir­cu­la­tion parce que lui-même est pas­sé par une route où il n’a pas la place de manœu­vrer ? Peu me chaut comme dirait l’autre, il y a tou­jours une bonne âme pour tailler la moi­tié d’un arbre ou dépla­cer une moto mal garée pour que tout ce petit monde soit enfin déli­vré de tout ce qui gène. Et ça finit par pas­ser, même si ça prend une heure. Il y a tou­jours une solu­tion à tout. Et puis sur­tout, ไม่เป็นไร ไม่เป็นไร ça se dit à peu près mai phen rai et ça signi­fie énor­mé­ment de choses. C’est bon, c’est ok, tout roule, ce n’est pas très grave, ne t’en fait pas, don’t wor­ry, etc. En bref, pas la peine de se prendre la tête. Ce n’est pas du fata­lisme, c’est juste un art de vivre, une façon désin­volte et assez sal­va­trice de se mou­voir dans le monde, un monde par­fois rude et sans conces­sion, c’est juste que ไม่เป็นไร… En réa­li­té, les Thaïs ne disent jamais ça. En tout cas, dans les nom­breuses situa­tions où j’au­rais pu l’en­tendre, il n’est jamais sor­ti de sa tanière. C’est comme si c’é­tait induit par la situa­tion, comme le hüzün stam­bou­liote, la sau­dade por­tu­gaise ou même le tea time lon­do­nien… une conven­tion qui ne dit pas son nom et qui est ancrée comme un ongle au bout du doigt.

Com­ment faire pour s’é­ner­ver (oui parce que c’est ce que fait tout Fran­çais nor­ma­le­ment consti­tué quand les choses ne vont pas comme il le sou­haite) quand autour de vous tout le monde se contre­fout roya­le­ment des consé­quences et tout ce qui peut arri­ver, grave, pas grave ou moyen­ne­ment grave, parce qu’en réa­li­té, ไม่เป็นไร… Ce n’est pas la solu­tion à tous les maux, ni même une uni­ver­selle clé des­ti­née à rendre le monde plus doux ou la misère moins contrai­gnante, c’est juste que ce n’est pas si grave que ça.

Et puis soyons un peu hon­nête, en Asie de manière géné­rale, plu­tôt perdre la vie que perdre la face… ไม่เป็นไร est la conju­gai­son thaï­lan­daise de cette manière d’être. Gar­der la face est une façon de mon­trer aux autres qu’on a adop­té une cer­taine ligne de conduite des­ti­née éga­le­ment à res­pec­ter autrui, sans le mettre dans l’embarras. Curieuse façon de voir les choses, me direz-vous, sur­tout vu depuis la lor­gnette qui est la nôtre, où les rap­ports de domi­na­tion s’exercent d’a­bord par le lan­gage avant de se tra­duire dans les actes. Alors pour­quoi sans arrêt être sur le qui-vive lorsque les innom­brables évé­ne­ments de la vie sont fina­le­ment ce qui peut arri­ver de mieux ? Non, ce n’est pas la théo­rie du Die beste aller mögli­chen Wel­ten de l’a­mi Leib­niz, mais une vision très posi­tive du monde qui per­met de s’af­fran­chir des mal­heurs du monde tout en s’im­po­sant une règle morale de res­pect d’au­trui. Et ça fonc­tionne plu­tôt pas mal.

Gar­dez-vous de pen­ser à faire du mal à autrui, il ne vous arri­ve­ra que des bri­coles, un sale kar­ma qui fera de votre pro­chaine vie un enfer dans lequel vous serez peut-être ame­nés à man­ger des insectes ou à vous pro­me­ner de branche en branche en pous­sant des cris de gib­bon… Parce que même pauvre, malade, sur­en­det­té, alcoo­lique ou mou­rant, dites-vous que ce qui vous arrive n’est fina­le­ment pas for­cé­ment désem­pli d’une cer­taine dou­ceur de vivre, et que mal­gré tout et défi­ni­ti­ve­ment, de manière irré­vo­cable et iné­luc­table… ไม่เป็นไร.

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Le cahier secret de Tony Lee

Le cahier secret de Tony Lee

De la même manière que Pytha­gore en son temps (au VIè siècle avant J.-C.) avait réus­si à théo­ri­ser la gamme hep­ta­to­nique en uti­li­sant sim­ple­ment des rap­ports de nombres entiers par la simple obser­va­tion mathé­ma­tique de la nature (c’est-à-dire sans uti­li­ser d’ap­pa­reil mesu­rant la fré­quence des notes), et même si le coquin n’a fait somme toute que redé­cou­vrir ce que les Baby­lo­niens avaient révé­lé quatre mille ans avant J.-C., la contrainte ico­no­claste de l’Is­lam a géné­ré un mode de repré­sen­ta­tion empê­chant toute carac­té­ri­sa­tion figu­ra­tive ou sym­bo­liste de la nature (en réa­li­té des êtres vivants).

De fait, cette inter­dic­tion ne concerne que les êtres vivants et l’his­toire, si elle n’est pas claire en soi, peut être com­prise par la des­truc­tion des idoles des poly­théistes de la Ka’­ba, à par­tir de laquelle le peintre et le sculp­teur sont consi­dé­rés comme des cri­mi­nels devant Dieu… On retrouve quelques bribes qui évoquent cette inter­dic­tion dans les hadiths, à défaut d’être pré­sente dans le Coran lui-même. Quoi qu’il en soit, il n’existe pas de théo­rie à pro­pre­ment par­ler de l’i­mage, que ce soit dans le Coran ou dans les hadiths. Ce ne sont que des inter­pré­ta­tions. On peut sur­tout inter­pré­ter cette inter­dic­tion comme une peur de l’idolâtrie plus que de l’i­mage elle-même :

« Certes, ceux qui font ces des­sins seront châ­tiés au jour de la résur­rec­tion : on leur dira : don­nez la vie à vos créations. »

— Bukhâ­rî, LXX­VII, 89, 2

Il n’est au final pas ques­tion de châ­ti­ment, ni de musique, mais d’un cahier trou­vé au hasard de mes péré­gri­na­tions sur la toile. Tony Lee, ou A.J. Lee (on peut sup­po­ser qu’il s’ap­pelle — ou s’ap­pe­lait — Antho­ny) est un incon­nu, un strict incon­nu décou­vert sur une page web dont la der­nière mise à jour date de 2009, et dont la date de créa­tion doit remon­ter à ce qu’on pou­vait trou­ver au début des années 2000. Bref une page toute bête, sans fio­ri­tures, don­nant quelques infor­ma­tions sur un cahier scan­né, dont la date de concep­tion remonte entre 1964 et 1985, autant dire une anti­qui­té. Et là, c’est une décou­verte fan­tas­tique. Ledit Tony Lee a consi­gné sur un cahier ligné toutes ses obser­va­tions mathé­ma­tiques et ses études sur l’é­toile dans les motifs d’art isla­mique. Une bible de toute beau­té, dif­fi­ci­le­ment déchif­frable et remet­tant à plat toutes les méthodes de construc­tion des motifs arabes. Écri­ture sobre, sans cor­rec­tion, à peine quelques ajouts, traits assu­rés, des­sins par­faits et com­men­tés, dia­grammes, tableaux de valeurs… Un vrai beau cahier d’é­tudes comme on n’en trou­ve­rait plus aujourd’­hui, habi­tués que nous sommes à tout écrire sur ordinateur.

Com­men­cer la lec­ture de ce cahier revient à plon­ger dans un uni­vers lumi­neux dans lequel on se rend compte que les chiffres et les bases de la géo­mé­trie sont en rela­tion directe avec le divin, c’est-à-dire la créa­tion. Si l’homme est capable de don­ner vie à des formes géo­mé­triques qui se croisent et s’en­tre­croisent et qu’il est de plus en capa­ci­té de don­ner à voir ce que l’u­ni­vers a d’har­mo­nieux, de constant et d’or­ga­ni­sé, c’est qu’il est à deux doigts de connaître un des secrets de l’u­ni­vers, sans tou­te­fois pou­voir s’en appro­cher plus que ça. Icare ne risque plus de se brû­ler les ailes en appro­chant le soleil de trop près. Cette forme d’art est en quelque sorte un révé­la­teur de la puis­sance de la connais­sance mais aus­si de sa limite.

Pour télé­char­ger l’in­té­gra­li­té de ce cahier, c’est sur cette page. Le site est en réa­li­té une base de don­nées per­met­tant de recher­cher des motifs selon plu­sieurs cri­tères. A tiling data­base.

Pho­to d’en-tête © Chris­to­pher Rose

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