Retour au bout du monde

Retour au bout du monde

Ce ne sont que quelques kilo­mètres ava­lés en quelques heures, vau­tré dans le siège d’un avion sur­vo­lant les mon­tagnes infi­nies des Alpes, les éten­dues incon­nues d’Eu­rope de l’est et d’A­sie occi­den­tale, bien au-des­sus des peuples qui se déchirent et meurent de froid à l’heure qu’il est, les déserts arabes, les mon­tagnes sèches du Pakis­tan et les grandes villes de l’Inde…
Au bout de la route et d’heures de som­meil per­dues à jamais, il y aura la nuit pai­sible au bord de la Chao Phraya, bien plus au nord de Bang­kok, sur les rives des bras arti­fi­ciels du fleuve sacré, là où le roi U‑Thong créa sa capi­tale en 1350, Ayut­thaya. La nuit pai­sible et le silence de la rivière une fois le soir tom­bé, et sur­tout l’in­con­nu d’une cité dont je n’ai abso­lu­ment pas l’in­tui­tion. Il y aura tout à y décou­vrir une fois l’a­vion posé. Der­rière moi je lais­se­rai le fan­tôme de Wil­fred The­si­gher, sa barbe enca­pu­chon­née sous des mètres de tis­sus, le visage buri­né et les sour­cils pleins de sable.
Il y aura aus­si un petit avion qui me dépo­se­ra au bord du Golfe de Thaï­lande, non loin d’un quai d’où un bateau m’emmènera vers une île qu’il faut presque quatre heures pour rejoindre. L’air chaud me sur­pren­dra encore une fois tan­dis que je trans­pi­re­rai en regar­dant la mer du Golfe agi­tée de sou­bre­sauts taquins. L’o­deur des fran­gi­pa­niers à peine fleu­ris, le matin à mon réveil, la douce moi­teur des levers face à la mer impas­sible, l’o­deur d’une marée tran­quille qui ne par­court que quelques mètres par jour, pares­seu­se­ment. Il y aura tout pour s’ou­blier et se perdre, retour­ner sur mes propres pas, péné­trer les temples ouverts aux quatre vents, regar­der les peuples vivre au rythme des ritour­nelles simples jouées par les clo­chettes des temples bat­tues par le vent léger.
Encore une fois, c’est cer­tain, je vais me perdre. Paris/Mascate/Bangkok/Ayutthaya/Ko Phangan/Bangkok/Mascate/Paris, des noms qui se jux­ta­posent sans rien vrai­ment dire du bon­heur que c’est d’être sur les lieux, de sen­tir mes pas fran­chir d’in­nom­brables fron­tières, à chaque rue, dans Chi­na­town à Bang­kok ou sur la rive de Thon­bu­ri. Et pour­tant, insa­tis­fait, je rêve des forêts moites du nord et des fron­tières du Tri­angle d’Or, des petits temples per­dus dans la vieille ville de Chiang Mai, des chiens qui se battent au lever du soleil sous l’at­mo­sphère brune des che­di en brique qui regardent le sol lorsque moi je regarde le ciel…
Je serai bien, tran­quille comme un moine à l’ombre de l’arbre sacré, fier et humble à la fois, ne deman­dant rien d’autre que de contem­pler les minutes qui s’é­grènent au rythme des saisons.

Bangkok - Chinatown

Bang­kok — Chi­na­town — Août 2013

Chiang Mai - Wat Duang Dee

Chiang Mai — Wat Duang Dee — Août 2013

Bangkok - Jeune fille sur le bac du Wat Arun

Bang­kok — Jeune fille sur le bac du Wat Arun — Août 2013

Bangkok - Thanon Bamrung Muang

Bang­kok — Maga­sin de sta­tues reli­gieuses sur Tha­non Bam­rung Muang — Août 2013

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