Schlussk­lappe

Schlussk­lappe

Voi­là. C’est fini. 2015 s’ar­rête pour de bon. J’ai l’im­pres­sion que jus­qu’à la fin, jus­qu’à ses der­niers ins­tants, cette affreuse dame n’al­lait pas mou­rir, mais c’est désor­mais à son che­vet que je me trouve, un genou à terre, prêt à bon­dir à nou­veau. Il m’au­ra fal­lu du temps pour me remettre d’a­plomb, le cœur un peu fra­gile, vacillant, ce dont je ne me dou­tais pas, mais je ne suis plus non plus de la toute pre­mière jeu­nesse ; les choses vont rare­ment en s’a­mé­lio­rant. Tout est reve­nu à la nor­male, après avoir fait quelques ajus­te­ments dans mon hygiène de vie, his­toire de repar­tir très vite sans me prendre les pieds dans le tapis. Dès le 26 décembre, je me réim­po­sé une dis­ci­pline d’as­cète, et des rêves de gamins. Les deux pieds dans le réel, je tente de vivre à chaque fois une nou­velle ver­sion de mes rêves, plus fine, plus cise­lée. Je n’ai jamais aus­si peu écrit qu’en 2015, j’ai très peu lu éga­le­ment. J’ai peu voya­gé, sur­tout si je com­pare à la période 2012–2014 où j’ai même abu­sé de tout ça. D’un point de vue per­son­nel, il y avait quelques années que, fina­le­ment, je n’a­vais fait aus­si peu de choses, comme si j’a­vais été à l’ar­rêt, ensa­blé dans le désert sans même avoir de quoi boire, même pas une poire pour la soif. Et qu’est-ce qui m’at­ten­dait au bout du che­min, à part des envies frus­trées, des rêves bâillon­nés, une mon­tagne de regrets ? J’ai fait le tour de ma biblio­thèque et comp­té le nombre de livres que j’ai ache­tés et que je ne lirai pas, parce que désor­mais je ne veux plus que me faire plai­sir. J’ai éga­le­ment pris une déci­sion capi­tale. Non, je n’é­cri­rai pas cette thèse qu’on m’a deman­dé d’é­crire. Parce que je n’en ai pas envie et que je pré­fère prendre du bon temps à la place. Je sais que je ne regret­te­rai pas cette déci­sion. Et puis cette année, je donne des cours à Paris XIII, mais en fonc­tion de ce que ça donne, je ne le ferai peut-être qu’une seule année. A moi de remettre les cur­seurs là où j’ai envie qu’ils soient, de remettre des limites que je dois savoir dépas­ser ou non, de rééqui­li­brer tout ce qui en moi est un peu par­ti de tra­vers en 2015, his­toire de ne plus rou­ler dans le gravier.

2015 est déjà der­rière. Je vais aller m’a­che­ter une lan­gouste et une bou­teille de Deutz comme der­nier luxe, je vais pas­ser une soi­rée calme, au calme, sous les der­nières lumières d’une année qui fait bien de s’ar­rê­ter, en regar­dant peut-être un docu­men­taire sur les des­sins de Louis Dela­porte à Ang­kor ou une quel­conque âne­rie que j’au­rais tôt fait d’ou­blier à mon réveil demain matin. 2016 s’ouvre, avec des pro­jets, une liste de lec­ture, des voyages qui se pré­parent, Ayut­thaya est au bout du che­min, dans deux mois déjà… Cet été peut-être le Myan­mar… J’ai l’air désa­bu­sé comme ça, mais je suis en train de revivre. Et de bien revivre.

Le Schlussk­lappe ne fait qu’an­non­cer le début d’un autre film…

Read more