Mes nuits médusées

Florence - jour 1 - 097 - Piazza della Signoria - Loggia dei Lanzi - Persée par Benvenuto Cellini

Piaz­za del­la Signo­ria — Log­gia dei Lan­zi — Per­sée par Ben­ve­nu­to Cel­li­ni — Flo­rence — Mai 2012

Mes nuits sont de la cou­leur d’un ciel étoilé.
Mes rêves sont faits du même bois que celui de la coque des bateaux aux voiles rouges cla­quant dans le vent, avec le soleil qui s’é­puise dans l’eau sombre.
Le vent est un baume suave et sucré qui dépose sur ma peau un miel fait de sueur et de larmes. Il est la dou­leur la plus stridente…
Le bruit d’un livre dont on tourne les pages m’empêche de m’en­dor­mir serei­ne­ment, mais je résiste, je résiste encore. Je résiste toujours.
Et puis il y a le son du ûd qui me berce de ses caresses mates et sou­daines, mon­tant dans l’air comme les volutes bleu­tées d’une fumée de cigarette.
Dans mes songes à demi-éveillé, s’é­treignent d’autres vies que je ne connais pas encore et qui n’existent que pour me ten­ter, mais il y a tou­jours des cris d’en­fants ou le bruit d’une voi­ture pour me rame­ner à la réa­li­té ; et tout rede­vient calme, dans une intran­quilli­té heu­reuse et sans cesse renouvelée.
Pen­dant ce temps-là, les jours passent, passent encore et ne s’ar­rêtent jamais. Les che­veux blan­chissent, les joues se creusent de rides sus­pectes qu’on n’a­vait pas vues arriver.
C’est à ça que servent les sou­ve­nirs, ce sont des armes contre les jours dont on ne sait pas quoi faire, des jours néfastes qui se retrou­ve­ront for­cé­ment un jour avec la tête cou­pée, comme Per­sée don­nant à voir à la foule de la piaz­za la tête de Méduse.
On en vien­dra à bout. Forcément.

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