Bali — jour 2

Vrai­ment pas mal repo­sé après tout ce périple, je com­mence ma jour­née en me bala­dant dans le centre de la petite ville d’U­bud. Fié­vreuse et un peu bruyante, elle n’est pas avare de ses charmes.
Je découvre tout d’a­bord le Puri Saras­wa­ti, le temple royal de la ville, construit der­rière un magni­fique plan d’eau sur lequel on trouve un myriade de lotus en fleur. Je n’ai pas pu entrer dans le temple, faute de sarong. J’ai ensuite visi­té le petit mar­ché qu’on peut peut par­cou­rir sur plu­sieurs étages. Si l’o­deur de l’en­cens vient par­fois trou­bler mes sens, je me demande si ce n’est pas pour mas­quer l’o­deur âcre et sucrée des ordures qui jonchent le cœur du mar­ché. Car­casses de durians et fleurs pour­ries viennent un peu gâcher la fête des odeurs et les cou­leurs des tissus.
Il y a un autre petit temple à côté du mar­ché, duquel s’é­chappent des volutes de fumée d’en­cens, mais je ne peux pas non plus y entrer sans avoir revê­tu le sarong traditionnel.
Dans l’a­près-midi, je suis donc allé à la recherche du mor­ceau de tis­su qui me ser­vi­ra de sésame. Après avoir mar­chan­dé dure­ment (mais je me suis quand-même fait avoir hein) mon batik, je me suis assis dans une petite pen­sion du centre pour déjeu­ner un gecok, une soupe de pou­let au lait de coco et riz blanc.
J’ai ensuite visi­té le palais royal d’U­bud, où on ne peut voir qu’une toute petite par­tie, mais le temple est très raf­fi­né, les sculp­tures superbes et les sarongs des sta­tues d’une richesse inéga­lable. De l’autre côté de la rue, une autre par­tie du temple trop excen­trée appa­rem­ment puisque je m’y retrouve sans per­sonne ; ça ne doit pas figu­rer sur le pro­gramme des tour-ope­ra­tor chinois.
Enfin je retourne au Puri Sara­was­ti pour visi­ter le temple cette fois. Mais je ne sais pas pour­quoi je me casse la tête. La plu­part des gens qui y entrent ne revêtent pas le sarong. Méfait de la mon­dia­li­sa­tion, on se com­porte par­tout comme chez soi, aucun res­pect des tra­di­tions des autres. Je conti­nue­rai de por­ter mon tis­su noir et bleu, qui va très bien avec mes chaus­sures de marche jaunes…
Le soir tom­bant, je me rends à un spec­tacle de kecak au Pura Dalem Taman Kaja, spec­tacle enivrant avec ces dan­seurs et chan­teurs qui scandent leur tchakt­chak jus­qu’à la transe. Le dan­seur avec son che­val (san­ghyang dja­ran) mar­che­ra sur les braises sous les encou­ra­ge­ments des chan­teurs. Un très beau spec­tacle réa­li­sé par une troupe d’une cen­taine de per­sonnes issues d’une même communauté.
Après le spec­table, à 21H00, dif­fi­cile de trou­ver encore un res­to ouvert. J’en trouve fina­le­ment un où je dîne d’un Kwe Tiau (nouilles et pou­let épi­cés) avant d’al­ler me cou­cher en tra­ver­sant les rizières dans les ténèbres des nuits bali­naises, tan­dis que les gre­nouilles et les cra­pauds entonnent leurs parades nuptiales.

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Bali — jour 1

Lorsque j’ar­rive ici, je ne sais plus quelle heure il est ni quel jour nous sommes. J’ai dor­mi tel­le­ment de fois de manière frac­tion­née que je ne sais plus quand je suis. J’ai fini par ten­ter de dor­mir quelques ins­tants dans une salle iso­lée de l’aé­ro­port de Jakar­ta, mais le bruit m’en empê­chait et l’an­goisse de man­quer quelque chose m’a tenu en éveil.
Le taxi met une heure et demi pour sor­tir de Den­pa­sar et rejoindre Ubud ; une éter­ni­té quand on n’a dor­mi que quelques dizaines de minutes en deux jours.
L’hô­tel est plan­qué au milieu des rizières, on ne peut y accé­der que par un étroit che­min. La chambre est simple mais ce qui fait le charme de cet hôtel, ce sont ses jar­dins, luxu­riants, confi­nés, pleins de pierres et de sta­tues mous­sues. Une humi­di­té constant per­met à toutes ces plantes de prendre une telle enver­gure. Une bonne douche et une sieste de deux heures viennent laver les stig­mates du voyage, mais c’est encore un peu endor­mi que je me rends jus­qu’à la forêt de singes. Plus que les singes eux-mêmes, qui font le bon­heur des tou­ristes, je m’ar­rête sur les magni­fiques temples qu’on peut y trou­ver, comme le Pura Dalem Agung, mais aus­si le petit temple des cré­ma­tions où appa­rem­ment per­sonne ne vient. Ce n’est qu’un esla­nade recou­verte de cendres où deux énormes sta­tues gri­ma­çantes sur­veillent quelques pierres tom­bales ornées de svas­ti­kas. J’ai mar­ché lon­gue­ment dans Ubud pour sen­tir la ville et même si j’ai été apos­tro­phé des mil­liers de fois pour qu’on m’offre les ser­vices d’un taxi ou d’un mas­sage (mas­sass plus exac­te­ment), j’ai bien aimé flâ­ner gen­ti­ment par­mi un peuple qui m’a l’air beau­coup plus sym­pa­thique que l’en­semble des Thaïs.
Même pas retour­né en ville après ma bal­lade, je me suis écra­sé lamen­ta­ble­ment à 19h30 pour ne plus refaire sur­face que douze heures plus tard…

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IX. Yol­cu

IX. Yol­cu

Six jours pour fêter un évé­ne­ment par­ti­cu­lier, en forme de compte à rebours, de liste de voyage et de car­net de route, et où l’on apprend ce que signi­fie le mot yol­cu.

Jeu­di 13.02

Yol­cu, ça se pro­nonce yold­jou. Yol, en turc, c’est le voyage, pas au sens géné­ral qu’on entend en fran­çais, mais au sens dif­fé­ren­cié du trip anglais, du tra­jet. Yol­cu est donc celui qui fait un tra­jet et qui ne fait pas for­cé­ment un séjour… Dans le lan­gage cou­rant, c’est aus­si le pas­sa­ger, celui qui voyage dans un train, ou un bus, un avion, enfin quelque chose qui se déplace. Le pas­sa­ger… Je ne sais pas pour­quoi mais pas­sa­ger me fait pen­ser à l’ad­jec­tif, plus qu’au sub­stan­tif, et donc  à quelque chose de tem­po­raire. Tout un ensemble de choses qui me laissent songeur.
J’aime vrai­ment beau­coup ce mot, yol­cu, c’est un des pre­miers mots que j’ai appris en turc ; je l’aime aus­si parce que le mot yol me fait pen­ser à la yole, cette petite embar­ca­tion dont le nom vient du danois jolle.

J’ai enfin ter­mi­né le livre de Syl­vain Tes­son ; je n’en pou­vais plus, j’ai vrai­ment traî­né des pieds pour y arri­ver, et même si la fin en est poi­gnante, je ne suis pas cer­tain de vou­loir relire un jour un livre de lui. J’a­vais pour­tant bien aimé L’or noir des steppes : Voyage aux sources de l’énergie. Mais ce n’est pas grave.

Cette jour­née se ter­mine avec la sen­sa­tion que je suis un être d’é­qua­ni­mi­té, quoi qu’il arrive. Je crois qu’on peut mou­rir d’ai­mer trop les gens.

Départ dans six jours. Drôle de fête pour ce blog, c’est son 700ème billet.

Ven­dre­di 14.02

Si Kaddour Ben Ghabrit

Si Kad­dour Ben Ghabrit

J’ai com­men­cé ce matin un livre qui m’a atti­ré plu­sieurs fois l’œil en librai­rie : L’é­toile jaune et le crois­sant, de Moham­med Aïs­saoui. Ce livre parle des Juifs de France qui ont été sau­vés de la dépor­ta­tion par les Musul­mans. En forme d’en­quête pas­sion­nante, on y fait la connais­sance d’un homme haut en cou­leurs, fas­ci­nant et qui pour­tant a pas­sé sa vie dans l’ombre de ses actes, vic­time de l’ou­bli né de sa propre modes­tie ; Si Kad­dour Ben Gha­brit. Je dois dire qu’en ces temps trou­blés, mar­qués par la haine et les com­bats reli­gieux qu’on pour­rait croire digne d’un Moyen-âge téné­breux, entendre les mots d’Aïs­saoui fait du bien et laisse croire qu’il y a encore de la place pour l’a­mour entre les peuples.

Alors, je me suis atte­lé à la tâche. Il m’im­por­tait tout par­ti­cu­liè­re­ment de mon­trer qu’un jour, au moins une fois, des Arabes et des Juifs ont mar­ché main dans la main. J’ai envie de pro­non­cer le mot phi­lo­sé­mite, et pas seule­ment de le pro­non­cer. Sans doute, ce qui se passe aujourd’­hui au Moyen-Orient et en France résonne-t-il fort en moi et a relan­cé le vœu de par­ler de ce haut digni­taire musul­man qui aimait les Juifs…

J’aime bien lorsque Patrick Deville uti­lise cette expres­sion ; manière de… Manière de cime­tière ita­lien à flanc de coteau, tombes blanches.

Je viens de me rendre compte qu’au­jourd’­hui c’é­tait cer­tai­ne­ment le jour le plus con de l’an­née ; la Saint-Valen­tin. Qu’est-ce que c’est con cette fête !! Enfin non, ce n’est pas con, c’est mièvre, mièvre à sou­hait, c’est plein de petits cœurs, de bou­quets de fleurs (que j’a­dore offrir par ailleurs), de je t’aime qui dégou­linent… Mais heu­reu­se­ment qu’il y a cette fête pour pen­ser à son être aimé, parce que les autres jours de l’an­née, c’est le désert… C’est comme la jour­née de la femme. Le reste du temps, c’est pour les hommes. En fait, ces petites conne­ries de rien du tout sont les sur­vi­vances des temps de haine et de ségré­ga­tion et signi­fient encore que ceux qui ont le pou­voir ne sont pas prêts à le par­ta­ger. Bonne Saint-Valen­tin liquide… slurp.

En fait, en arri­vant ici, on atten­dait quoi exac­te­ment de la vie ?

olympus-ls5Départ dans cinq jours et enfin je me pré­oc­cupe un peu des pré­pa­ra­tifs. J’ai res­sor­ti mes chaus­sures de ran­don­née, je me suis ache­té une cara­pace molle (soft­shell) his­toire de ne plus savoir com­ment m’ha­biller, une sacoche pra­tique pour tout avoir à por­tée de main et ne plus rien avoir dans les poches (je suis le cham­pion du monde pour perdre tout ce qui se trouve dans mes poches : pièces de mon­naie, clefs, etc.) et sur­tout pour mettre mes papiers et mon enre­gis­treur. Car oui !! Je me suis ache­té un enre­gis­treur ! Un Olym­pus LS‑5 avec des bon­nettes. Autant dire un Rolls ! J’ai cus­to­mi­sé un de mes moles­kines avec une pho­to de game­lan et une autre de Boro­bu­dur. Car oui, je n’en ai pas encore par­lé, mais je pars en Indonésie.

J’ai pré­pa­ré aus­si une petite boîte de ciga­rillos pour les soi­rées chaudes au bord des rizières, des piles pour diverses rai­sons, mon casque audio et mon double jack pour l’a­vion parce que je suis déjà inca­pable de dor­mir assis, alors si en plus il y a du bruit… Lunettes de soleil, che­mi­settes, pan­ta­lons en lin, chaus­sures légères, fou­lard en cas de vent… Je suis plus un voya­geur Heming­way que Nico­las Vanier… Plus Daï­qui­ri que pem­mi­can. Plus pêche au gros à Cuba que trek au pôle nord.

Côté lec­ture, je me suis déci­dé, je ne pren­drai que deux livres. Si ce n’est pas assez, ce dont je doute, j’i­rai mar­cher au lieu de glander.
William Dal­rymple, L’âge de Kali
Robert Byron, Route d’Oxiane

Et puis je crois que c’est tout. Il faut que je voyage léger, je prends tou­jours trop. Deux trois crayons et un bloc à des­sin seront suf­fi­sants pour ce que je vais faire. J’ai envie de cou­chers de soleil cha­leu­reux, de ces petits matins frais où je peux voir le soleil poindre dans un ciel de vapeurs bleues. J’ai envie d’ap­pels à la prière à Yogya­kar­ta, de mos­quées sou­ter­raines, de vapeurs de clous de girofle, de bains, de fleurs embau­mant l’air, de forêt dense dans laquelle dansent les singes, de pentes de vol­cans recou­verts de cendre grise… J’ai envie de tout ce que je ne m’i­ma­gine pas vrai­ment encore.

Same­di 15.02

Je me suis réveillé ce matin avec dans l’o­reille le son du ud des frères Jou­bran. L’in­ven­tion du quart de ton décide de l’in­ven­tion du raf­fi­ne­ment le plus extrême en musique. Dif­fi­cile d’al­ler plus loin.

Trio Joubran

 

Asfâr — Trio Jou­bran, album As Fâr — 2011
15′01″

[audio:asfar.xol]

Asfâr est un très beau mor­ceau, lent comme une danse sou­fie, envoû­tant comme le par­fum capi­teux d’une femme dan­sant dans l’ombre d’un rêve. Ceux qui ne connaissent pas encore le Trio Jou­bran devraient s’en ino­cu­ler le virus. C’est la pire affec­tion qui soit. Cette musique pales­ti­nienne me fait l’ef­fet d’un baume.

Si le diable ne se trouve pas dans cette musique, alors c’est qu’il n’existe pas… Où pour­rait-il se cacher ailleurs ?

Fin de mati­née, : la fièvre me sur­prend, venue de je-ne-sais-où. Je reste cloué sur le cana­pé, envi­ron­né de tout un tas de sons qui me paraissent incroya­ble­ment lointains.

Départ dans quatre jours. Je suis en train de com­men­cer à recen­ser tous les lieux inté­res­sants que je sou­haite voir, mais je sais per­ti­nem­ment que je laisse une place assez consé­quente à l’im­pré­vu. Ne me reste plus qu’à me pré­oc­cu­per des vols inté­rieurs. Et là, c’est une sacrée affaire pour contour­ner la liste longue comme le bras des com­pa­gnies inté­rieures bla­ck­lis­tées par l’UE.

Dimanche 16.02

Deuxième jour de fièvre. Enfin non, c’est étrange, j’ai 37,4°C, ce qui n’est un degré de plus que ma tem­pé­ra­ture habi­tuelle, mais je suis à terre, des cour­ba­tures par­tout, la tête dans un étau, les entrailles qui semblent dan­ser la sam­ba et rien à faire, ça ne passe pas. Je vais encore pas­ser ma jour­née à dor­mir, inca­pable de réflé­chir. Obli­gé de me shoo­ter au Rhi­nad­vil pour tenir debout.

Comme de toute façon je suis inca­pable de pen­ser, je vais faire autre chose. Des­si­ner, finir quelques unes de mes aqua­relles qui sont res­tées en suspens.

Des­crip­tif du voyage

(le pro­gramme peut chan­ger en cours de route, comme d’habitude)
19.02 : Départ de Paris (CDG) pour Dubaï (DXB)
20.02 : Dubaï -> arri­vée au soir à Jakar­ta Soe­kar­no-Hat­ta (CGK) (+6:00)
Dodo ou errance dans l’aé­ro­port, ça dépen­dra du nombre d’heures de som­meil dans l’avion.
21.02 : Départ de Jakar­ta à 5:40 -> arri­vée à Bali (Den­pa­sar) (DPS) à 8:45 (+1:00) -> arri­vée à l’hô­tel à Ubud
26.02 : Départ d’U­bud (9:55) -> Den­pa­sar pour Yogya­kar­ta (JOG) à 10:05 (-1:00)
02.03 : Départ de Yogya­kar­ta pour Jakar­ta au soir (pas réser­vé encore)
03.03 : Départ de Jakar­ta (00:15) pour Dubaï puis Paris. Arri­vée à Paris à 12:25 (-7:00). De quoi se repo­ser un peu avant de reprendre le boulot.

Lun­di 17.02

Troi­sième jour de coton. Micro-nuit, insom­nie due à la consom­ma­tion de pseu­doé­phé­drine. Les yeux fixés au pla­fond en atten­dant que ça passe. Il va fal­loir s’accrocher aujourd’hui.

Arri­vé à 8h30 à Mont­par­nasse, je me rends compte que je suis en avance d’une heure, et c’est fri­go­ri­fié que je me mords les doigts. J’a­vise le café le plus près et je com­mande un café après avoir choi­si ma place près du radia­teur. Les fau­teuils sont confor­tables, comme des sièges de jar­din, et je pour­suis la lec­ture de L’é­toile jaune et le crois­sant, de Moham­med Aïs­saoui que j’ai dû inter­rompre en sor­tant du métro. J’au­rais pré­fé­ré res­ter là plu­tôt que de m’emmerder à cent sous de l’heure là où j’é­tais, tou­jours au bord de l’ex­tinc­tion, à deux doigt d’être pris en fla­grant délit de ron­fle­ment, le bras sur le fau­teuil. Sup­plice érein­tant, je n’ai pas deman­dé mon reste à la fin de la pré­sen­ta­tion, je me suis engouf­fré dans le métro.

18h00 : j’ai froid, je bois un thé chaud, je suis cla­qué et non je ne repren­drai pas de pseu­doé­phé­drine ; j’ai bien l’in­ten­tion de dor­mir cette nuit.

Mar­di 18.02

J’ai quand-même fini chez le méde­cin parce que je me voyais mal par­tir dans l’é­tat dans lequel je me trou­vais. Déjà sous anti­bio­tiques, je me sens déjà mieux, encore fati­gué, mais ça va reve­nir, tout dépen­dra des heures de som­meil que je vais avoir ces pro­chains jours. Ce matin, réveillé à 4h00, impos­sible de me ren­dor­mir, ma toux s’est un peu cal­mée mais ça reprend de plus belle dès que je suis debout.

J’ai ter­mi­né le livre de Aïs­saoui que j’ai trou­vé très juste, vrai­ment très beau pour un essai. Je n’ai pas pris le temps de le savou­rer parce que cette his­toire m’a pas­sion­né. Il fau­dra le relire, certainement.

L'âge de Kali - William DalrympleDu coup, à une jour­née du départ, j’ai déjà com­men­cé un des livres que je comp­tais emme­ner ; L’âge de Kali de William Dal­rymple. Du coup, en pré­vi­sion, on ne sait jamais, j’en prends un autre en plus ; Éloge du voyage, sur les traces d’Ar­thur Rim­baud par Sébas­tien de Cour­tois, le jour­na­liste qui a tant écrit sur les Chré­tiens d’O­rient et qui anime l’é­mis­sion radio­pho­nique sur France Culture por­tant le même nom. Rien à voir avec notre sujet indo­né­sien, mais c’est Tes­son je crois, qui disait qu’il ne fal­lait pas trop lire de choses en rap­port avec les voyages qu’on fai­sait au moment où on y était.

Il fait 30°C en ce moment à Bali, deux degrés de moins à Yogya­kar­ta, temps humide, un peu plu­vieux, mais est-ce vrai­ment un pro­blème lors­qu’il fait chaud ? Et puis fran­che­ment, est-ce vrai­ment un sou­ci s’il pleut sur les rizières de Jati­wu­lih ?

Rizières de Jatiluwih

Départ demain soir. Je suis presque prêt. Res­tent à fina­li­ser les der­niers détails. Vire­ments ban­caires, réser­va­tion de l’a­vion retour entre Bali et Java, pas­sage au DAB pour reti­rer quelques euros à chan­ger là-bas, trousse de toi­lette, der­nières véri­fi­ca­tions de la valise — LE VISA ?? BON DIEU LE VISA !!!  Non, c’est vrai, c’est direc­te­ment à l’aé­ro­port, payable en dol­lars, j’ai les dol­lars, panique ter­mi­née — le sac à dos le plus léger pos­sible, les fringues du voyage sont prêtes, reste plus qu’à reve­nir du bou­lot, de sau­ter sous la douche et sau­ter dans le taxi. Bon voi­là. Moins de 36 heures…

22:00 : Der­nier vol entre Yogya­kar­ta et Jakar­ta réser­vé. J’aime bien les vols du soir, ça per­met de pro­fi­ter au maxi­mum de la der­nière jour­née. Check-in ok sur le web, ça évi­te­ra d’at­tendre trop long­temps à l’enregistrement.

Ce billet sera publié demain matin pour le der­nier jour et mon blog, le temps de ce court voyage, me ser­vi­ra de car­net de route, si tou­te­fois j’ar­rive à trou­ver une connexion wifi.

Mer­cre­di 19.02

Voi­là, on est mer­cre­di et c’est déjà le jours du départ, j’ai l’im­pres­sion que ces der­niers jours ont été chao­tiques, à cause de la fièvre, à cause du temps qui se dis­tord quand on n’a rien deman­dé à per­sonne, du télé­phone qui sonne alors qu’on ne s’y attend pas. Je sais qu’en réa­li­té, le compte à rebours com­mence main­te­nant, à l’heure où je suis en train d’é­crire, que la course va venir rem­pla­cer le rythme poreux des jours tran­quilles, comme si le temps était mon­té sur un pivot et qu’on pou­vait le faire chan­ger de sens à loisir.

Je vais rede­ve­nir le pas­sa­ger, le yol­cu, celui qui ne fait que pas­ser et qui s’ar­rête pour regar­der, le temps d’une poi­gnée de main, le temps d’un regard ou de quelques mots échan­gés, celui qui prend le temps, plus que tout et qui par­fois court pour rat­tra­per la course du soleil, celui qui regarde le monde avec des yeux d’en­fant et qui s’é­tonne encore par­fois qu’on puisse être encore si nom­breux sur Terre, s’i­gno­rer autant et sur­tout se détes­ter autant. Il va pour­tant bien fal­loir faire avec, on en a pour un bon bout de temps, tous ensemble…

Je vous laisse la mai­son, je vous laisse les clefs, met­tez les pieds sur la table, dor­mez dans mon lit si ça vous chante, buvez toutes mes liqueurs, lais­sez cou­ler l’eau chaude et la bai­gnoire débor­der, il fau­dra de toute façon que je refasse tout à mon retour. Je déteste m’ins­tal­ler, je hais la constance des lieux, tout est tou­jours de toute façon à recommencer.

Il faut conti­nuer à avoir foi dans l’a­ve­nir et dans ce que nous fai­sons, car nous n’a­vons que ça pour rêver : un peu de foi…

Pho­to d’en-tête © Mar­co Ophof

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VIII. Suite de Fibonacci

VIII. Suite de Fibonacci

Où l’on apprend qu’un film turc n’est pas un film amé­ri­cain, qu’il est bon de faire des éti­re­ments après avoir cou­ru (on le savait déjà, mais bon…) et que déci­dé­ment, je suis inca­pable d’être méchant, et pire que tout, ran­cu­nier… (more…)

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VII. Suite avec vue

VII. Suite avec vue

Dérou­lé des jours qui se suivent sans vrai­ment se res­sem­bler. Les avions passent au-des­sus de ma tête, les images défilent, celles d’un temple per­du dans le nord de la Thaï­lande ; on dirait qu’on arrive pas vrai­ment à vivre avec les images du pas­sé et que pour fina­le­ment y arri­ver, on se construit un futur qui res­semble tou­jours à ce qu’on a déjà vécu. Ce n’est pas tou­jours très agréable. (more…)

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