Bali — jour 4

Il faut tou­jours une jour­née plus pour­rie que les autres dans un voyage. Eh bien ce fut celle-ci. Le pro­gramme de la jour­née consis­tait en une excur­sion com­pre­nant plu­sieurs étapes dont la plage de sable noir de Lovi­na (au final sans inté­rêt autre que le sable noir), le palais royal de Meng­wi (que je n’ai jamais vu), les sources chaudes sacrées de Ban­jar (que je n’ai failli pas voir parce que le chauf­feur ne savait pas où c’é­tait), les plan­ta­tions de café de Mun­duk (parce que le chauf­feur ne savait vrai­ment pas où c’é­tait), le temple Ulun-Danu, sur le lac Bera­tan à Bedu­gul (où fina­le­ment ce ne sont que les locaux qui viennent, ce qui fait que l’en­droit est vrai­ment très kitch), les chutes d’eau de Git­git (pas fait non plus parce que j’ai sen­ti le plan mafia arri­ver gros comme une mai­son, soit disant qu’il fal­lait un guide pour des­cendre alors que ce n’est pas vrai) et enfin les rizières en ter­rasse de Pucang (que je n’ai vu que de loin parce qu’il fal­lait vrai­ment ren­trer à la casa — c’est sur­tout que le chauf­feur ne devait pas savoir par où on y entre).

Donc résul­tat des courses : jour­née pour­rie, pres­sé que ça se ter­mine, mais si ce chauf­feur qui s’ap­pelle Ketut (comme la moi­tié de l’île parce que les hommes portent un pré­nom en fonc­tion de leur rang de nais­sance dans la famille) a cru pou­voir m’emmener dans ses plans à la con, il s’est plan­té et a donc cer­tai­ne­ment pas­sé une jour­née pire que la mienne parce que son manque à gagner en com­mis­sions a dû se réduire à peau de cha­grin. Tant pis, vu que je suis pas­sé par l’hô­tel, je dirais la véri­té, ce qui risque de ne pas pas­ser chez eux. Lorsque leur image est écor­née, ça ne peut pas bien se pas­ser. Ok, tout le monde veut sa part du gâteau, tout le monde veut gagner de l’argent, mais si tout le monde ne prend pas conscience que le monde n’est pas divi­sé en ceux qui sou­tirent et ceux qui crachent sans dis­cer­ne­ment, il va fal­loir remettre un peu d’ordre dans tout ça. Ce n’est pas parce que je peux me payer un billet d’a­vion jus­qu’i­ci que je suis à même de cra­cher pour tout et n’im­porte quoi sans compter.

J’ai tout de même vu de beaux endroits, des jolies rizières dans le soleil écla­tant, des routes défon­cées, des ponts au-des­sus de gouffres verts, des temples majes­tueux, des mos­quées vertes, j’ai même vu un enter­re­ment musul­man et un cime­tière chré­tien, un chien debout der­rière son maître sur un scoo­ter, des gens sou­rire, beau­coup de gens sou­rire, des sales gueules de truands, des petites averses, des grosses pluies, du brouillard tel­le­ment épais qu’on n’y voyait pas à dix mètres dans les petites routes de mon­tagne, des singes qui se tapaient des­sus pour un ram­bou­tan, tout un tas de petites choses qui ont fait que la jour­née n’é­tait pas si ratée que ça, mais quand-même, pas aus­si bien que je l’au­rais voulu.

Bref, ce n’est qu’un acci­dent et ce ne sera cer­tai­ne­ment pas la der­nière fois que je me fais avoir en voyage, mais je com­mence à connaître les com­bines de ces petites mafias. Heu­reu­se­ment, j’ai bien fini cette jour­née en allant voir un superbe spec­tacle de danse Legong par la troupe Sadha Budaya, en plein cœur du palais royal d’U­bud. Une très jolie pres­ta­tion avec des dan­seurs dont les atti­tudes me font pen­ser à du théâtre kabu­ki mâti­né de danses khmères. Par chance, j’é­tais pas trop mal pla­cé et j’ai réus­si à prendre quelques belles pho­tos, et sur­tout, j’ai enre­gis­tré le concert en entier…

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