Feb 17, 2013 | Livres et carnets |
Une rudement bonne idée que ces signets de la BnF. Les bibliothécaires de la vénérable institution ont rassemblé à cet endroit les ressources et outils de recherches classés par catégories ou domaines de connaissance. Autant dire que les perspectives ouvertes par ce tout petit site vont décupler vos possibilités de recherche dans tout un tas de directions…
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Feb 17, 2013 | Livres et carnets |
Photo © GlacierNPS
L’hiver commence à s’en aller. La journée d’hier, belle et fraiche en était le premier signe. Lorsque l’humidité commence à s’évaporer et qu’elle laisse la place à de belles journées lumineuses, c’est là que tout redevient clair et que l’impression de sortir de la nuit est la plus forte.
Rick Bass est un écrivain américain très impliqué dans les problèmes environnementaux de son pays et c’est à un tournant de sa vie qu’il décide de partir pour le nord du Montana, à Troy, à moins de 100 kilomètres de la frontière rectiligne qui sépare son pays du Canada. Un choix de vie qu’il décide de prendre en s’installant dans ce nord froid que l’hiver va bientôt recouvrir de blanc. Son livre est un journal, le journal d’une nouvelle vie qui va se focaliser sur l’hiver, puisqu’en fait, si on pouvait résumer ces lieux en deux mots, ce serait forêt et hiver.
Aujourd’hui, la matinée est venteuse et chaude, les herbes sont presque couchées à plat. Il n’y a rien de plus excitant que le vent. Si, un nouvel amour — et puis le vent. Mais le vent a toujours été là. Avant même de connaître l’amour, vous connaissiez le vent. Le vent était capable de vous griser quand vous étiez petit, et il le peut encore, et ne s’en privera pas.
Inévitablement, Bass n’étant pas de la région, il se heurtera aux riverains avec qui les relations ne sont pas toujours simples et tendres. Parfois rudes, parfois agressifs, ceux qui le voient arriver ne lui faciliteront pas la vie, mais débonnaire et dans la bonne attitude de celui qui veut apprendre, il s’amusera à écouter les bons conseils, peut-être aussi pour sa propre survie. Car il attend l’hiver avec impatience, il en attend le bruit étouffé et le froid saisissant.
C’est un pays de lenteur. Un pays d’il y a longtemps. On apprend plus facilement certaines choses quand on les regarde arriver au ralenti.
Photo © GlacierNPS
L’écriture de Bass est douce et poétique, il encapsule les idées dans des mots en s’appuyant sur cette culture du froid qui est si prégnante dans ces lieux, donnant corps au racontars, aux histoires de fantômes qui sont la culture orale des pays
Je crois à la vieille légende de Jim Bridger, à l’époque où il a passé l’hiver du côté de Yellowstone. Il est ensuite retourné dans l’est où il a raconté aux citadins de ces régions que quand les trappeurs essayaient de se parler, les mots gelaient en sortant de leur bouche ; ils ne pouvaient pas entendre ce qu’ils se disaient les uns aux autres, parce que les paroles gelaient dès la seconde où elles franchissaient leurs lèvres — si bien qu’ils étaient obligés de ramasser les mots gelés, de les rapporter autour du feu de camp le soir et de les décongeler, afin de savoir ce qui s’était dit dans la journée, en reconstituant les phrases mot par mot. Moi je peux imaginer qu’il fasse aussi froid.
Winter est un livre de l’apprentissage de la nature froide, de la vie recluse dans la forêt de nord-américaine, de l’attente des premiers flocons mais aussi du printemps redouté. Certains n’aiment pas l’hiver ni le froid et cela peut se comprendre, mais il y a une forme de renoncement dans l’amour de cette saison, un abandon pour la solitude et l’isolement dont ce livre, en quelque sorte, se fait le porte-parole.
Rick Bass, Winter (notes from Montana)
Folio. Collection Voyage.006
traduit de l’américain par Béatrice Vierne
© 1991
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