Dec 27, 2012 | Arts, Chambre acoustique |
Karl Ferdinand Sohn — Portrait de Mathilde Wesendonck — 1850 — StadtMuseum Bonn
Richard Wagner écrivit cinq poèmes musicaux nommés Wesendonck-Lieder, du nom de Mathilde Wesendonck, poétesse qui fut certainement à l’origine aussi bien de La Walkyrie que de Tristan et Isolde. C’est la seule fois que Wagner daigna laisser une autre personne que lui écrire le texte de ses musiques, laissant une grande part de liberté à la femme d’un de ses mécènes afin de pouvoir la voir régulièrement.
Parmi ces cinq poèmes qui composent les Lieder, deux sont des études directement liées à l’opéra Tristan et Isolde : Im Treibhaus (Dans la serre) et Träume (Rêves).
Ici à l’écoute, un titre que j’aime beaucoup pour son intensité dramatique, Im Treibhaus, sur un album datant de 1950, Five Wesendonck songs, dirigé par Leopold Stokowski, Eileen Farrell (soprano) au chant.
[audio:Im_Treibhaus.xol]
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Dec 27, 2012 | Sur les portulans |
Voici de nouvelles cartes trouvées sur un site rassemblant un projet commun aux trois institutions suivantes : Le Historic Cities Center of the Department of Geography, la Hebrew University of Jerusalem et la Jewish National and University Library. J’y ai donc trouvé ces petits trésors (sauf la dernière qui est beaucoup plus récentes mais que je trouve très intéressantes à plusieurs titres).
- La première date de 1493 et est due au médecin allemand Hartmann Schedel qui dans ses chroniques de Nuremberg fait la description de la ville. Il n’en est toutefois pas le créateur, mais est à l’origine de la somme qui porte le nom de Liber chronicarum. Schedel mérite à lui seul un vrai article. On y voit Constantinople telle qu’elle était encore lorsque les Turcs prirent la cité, avec la muraille de Théodose ceignant encore totalement la ville, Sainte-Sophie, quelques églises qui comptent parmi les plus importantes, le quartier des Blanchernes en haut à droite, des bâtiments dont la forme générale fait penser aux anciennes basiliques chrétiennes, des moulins (?) et aucune maison. Stylisée à l’extrême, on y perçoit toutefois une certaine perspective qui montre la ville surélevée. On trouve également l’enceinte de la ville de Péra ainsi que les deux chaînes qui ferment l’entrée de la Corne d’or.
- Le seconde est due à Sebastian Münster, cartographe allemand auteur d’une Cosmographia Universalis datant de 1550. La ville y est beaucoup plus détaillée sur une carte en couleur. On y voit déjà le palais de Topkapi grossièrement représenté et désigné par le terme générique de Gynœsium (γυναικεῖον, gynaeceum qui donne le mot gynécée) condensant l’image du harem avec celle du palais entier. On y voit bien l’hippodrome déjà démembré et les restes du sphendonè (courbure du cirque). On trouve également l’ancien port (Boucoléon), la forteresse des Sept-Tours (Yedi kule) en haut à gauche, le palais de Constantin des Blachernes en haut à droite ainsi que ce qui est peut-être la mosquée de Mehmet le Conquérant (Sultan Fatih Mehmet Külliyesi) puisqu’à l’époque de la conception de la carte, celle de Süleyman commençait sa construction. On trouve des lettres pour légender les quartiers, mais la légende ne s’y trouve malheureusement pas. A cette époque, on peut encore voir les restes du Palais de Constantin près de Sainte-Sophie.
- La troisième est due aux célèbres Georg Braun et Frans Hogenberg, auteurs d’un atlas des villes du monde, Civitates Orbis Terrarum. Beaucoup plus documentée que les précédentes, elle comporte toutefois des imprécisions assez nombreuses concernant les noms. On voit pour la première fois apparaître la patriarcat grec qui existe toujours.
- La quatrième, due à Giovanni Francesco Camocio date de 1572 et est aussi imprécise que fausse : le cartographe a situé la Corne d’Or et donc Péra au sud de la ville alors que c’est au nord. Cela en fait une carte absolument unique. En regardant bien, on voit que la carte a été dessinée comme en miroir. Par contre, on y trouve, ainsi que sur la carte précédente l’inscription Almaratro au dessus de la mosquée de Mehmet mais qui ne correspond à rien de ce que je connais (almarai en arabe signifie prairie). Il est probable que cela soit une forme latinisée de İmaret Mahallesi (quartier d’İmaret).
- La cinquième date de 1573 et a été dessinée par Simon Pinargenti, un cartographe vénitien. Si la carte n’est pas très précise en terme de représentation, elle a l’avantage d’être légendée au-dessous. On peut voir ici tous les noms des douze portes de la ville.
- La sixième est due à Henry de Beauvau, homme politique du XVIIè siècle et date de 1615. Pour la première fois on voit Sainte-Sophie ornée de minarets ; les temps changent. La carte est légendée mais pas dessus.
- La sixième date de 1638, c’est une gravure exécutée par le poète et graveur bohémien Daniel Meisner, auteur d’un superbe Thésaurus philopoliticus, un recueil de gravures sur la vie politique et urbanistique de l’époque. La vue est rasante, joliment ombrée et donne une idée de ce que pouvait être la ville au mille mosquée à l’époque, avec sa forêt de minarets.
- La huitième date de 1654 et a été exécutée par Jaspar Isac, plus graveur que cartographe. La carte présente une vue par le nord, avec Péra au premier plan et pour la première fois la tour génoise de Galata. Le Palais de Topkapi est représenté avec plus de réalisme que précédemment. On peut voir les restes de l’aqueduc derrière la mosquée de Beyazit et la mosquée de Süleyman est présentée comme étant la Roffe Mofquée de la femme de Solyman. Pour la première fois, on peut reconnaître à peu près toutes les mosquées les plus importantes. L’enceinte de Péra est confondue avec la forteresse des Sept-Tours.
- La neuvième date de 1686 et a été exécutée par Johann David Zunner. Ici Constantinople se résout à quatre monuments, dont toutefois le vieux sérail qui se trouve être le Caravansérail de la Sultane Valide (Valide Han).
- La dixième date de 1696 et est due à Nicolas de Fer, graveur et géographe du Roi qui pour la première fois donne à voir une carte en surélévation, très belle avec également des nouveaux quartiers, le port de Calcédoine (Chalcédoine, aujourd’hui Kadıköy) et le sérail de Scutari (anciennement Chrysopolis, actuellement Üsküdar).
- La onzième date de 1698 et est due à Cornelis de Bruyn, dessinateur, peintre, voyageur et écrivain néerlandais qui pour la première fois dessine le sérail de Topkapi de manière très réaliste, certainement depuis la rive de Galata, peut-être même depuis la tour.
- La douzième date de 1730, exécutée par le peintre baroque allemand Christoph Thomas Scheffler. La vue est très idéalisée, lointaine et prend Galata au premier plan, reconnaissable à sa tour. Remarquez les minarets qui ont l’air tout droit sortis de châteaux bavarois…
- La treizième a été réalisée par les ateliers Artaria et compagnie situés à Vienne et a été exécutée entre 1793 et 1802. Les relevés sont très précis notamment en ce qui concerne le sérail mais aussi toutes les rives du Bosphore.
- La quatorzième date de 1807 et a été réalisée par F. Kauffer et I.B. Lechevalier et représente parfaitement le détail des quartiers par dessus les tracés du reliefs des collines de la ville, une carte d’une grande précision.
- La quinzième date de 1922 et a été tracée par la Société Anonyme Ottomane d’Etudes et d’Entreprises Urbaines qui la présente comme Plan d’Ensemble des quartiers, bâtiments et chemins principaux de communications de la ville de Constantinople avec les mentions Liste des bâtiments [sic] et monuments principaux (I. Stamboul II. Pera Galata III. Skutari) — Liste des Quartiers (I. Stamboul II. Pera Galata III. Skutari) — Lignes de Tramway — Legende. Cette carte fait état à l’époque de l’imprégnation de la ville de la culture française.
D’autres cartes sont disponibles sur le site Geoweb (The cartographical and grahical website of the national Library Marciana of Venice).
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Dec 26, 2012 | Carnets de route (Osmanlı lale), Reflets du Danube (carnet de voyage à Budapest) |
Qu’est-ce qui se passe à Budapest ? J’ai longtemps confondu Budapest et Bucarest, sans vraiment chercher à savoir quelle ville se trouvait où et une fois que je savais que Bucarest était en Roumanie, c’était devenu simple de savoir que l’autre se trouvait en Hongrie, mais même ça, c’était vague. La Hongrie… on l’entend bien dans Empire austro-hongrois (je dis bien Empire, celui des Habsbourg, qui fut dirigé par François-Joseph Ier alors Empereur d’Autriche), mais ça ne renseigne pas sur l’endroit où ça se trouve sur la carte et je n’ai jamais réussi à bien visualiser la disposition des pays de l’est de l’Europe. Aujourd’hui encore, j’ai du mal et je suis parti là-bas sans vraiment savoir ce qui m’attendait.
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Dec 17, 2012 | Passerelle |
Je pensais avoir le temps de faire plein de choses d’ici à la fin de l’année, m’épancher sur ces lignes, devenir autre chose, devenir iconographe et puis le temps m’a rattrapé. La fatigue aussi. Je finis l’année affaibli, la santé et le sommeil en vrac, le corps qui ne suit plus et l’impression d’être sur la corde, à deux doigts d’exploser. Une semaine avant les vacances, j’ai la possibilité de souffler un peu en coupant avec l’université, mais je sens au creux de ma chair que ça ne va plus. J’ai perdu du poids et je me sens mal. Alors je dépose les armes, je préfère m’arrêter là pour l’instant et ne pas trop me mettre la pression.
Photo © Breiðamerkurjökull par Tomas Buchtele
Je vais continuer mes petites révolutions, les volontaires et les involontaires, me laisser bercer par le ressac insondable des jours qui se succèdent, attendre non pas la fin du monde, mais le début de la vie. Je me rends compte que j’aurai passé mon année à m’ouvrir aux autres, je me suis transfiguré, je me suis attendri, je me suis ouvert, j’ai compris ce qu’était l’échange, je me suis nourri de ces autres en même temps que j’ai pu venir en aide, du moins l’espéré-je modestement, et j’ai de la peine en moi quand je regarde le monde se fermer, se racornir, devenir triste et égoïste, se détourner et se replier sur lui-même, se terrer dans l’ombre. Cette année aura été riche, même si elle s’est dépeuplée, très certainement parce que les promesses ne sont pas faites pour être tenues. Mais tout ceci fait désormais partie des ombres et restera dans l’ombre. La lumière se trouve de l’autre côté.
J’ai déposé aussi les livres, plus vraiment la tête à se remplir de logement social, d’histoire des institutions, de sociologie et de territoire, d’urbanisme et de vie collective, plus vraiment la tête non plus à se faire du mal avec le génocide cambodgien et autres choses tristes. Je pose tout, je fais un break et je lis Jørn Riel que j’aime lire pendant ces jours sombres où la lumière s’absente tôt le soir pour ne revenir que tard le matin, et je ne pense plus à rien. J’ai tout déposé quelque part pour ne pas m’en saisir par hasard, les hasards font parfois mal les choses. Et puis je vais dormir aussi, dormir pour rêver et pour me reposer. L’hiver des jours lumineux et des soirs ténébreux passera et le printemps reviendra.
Le printemps arctique. Anton, déconcerté, ébouriffa d’une main ses cheveux. Son regard tomba sur les traces de pas du bruant. De petits traits noirs, en filigrane, un dessin dépourvu de sens. Il fixa les traces et y lut sa propre vie. Il se souvint de ses rêves. Le rêve du héros polaire, le rêve de fuite. Le rêve du rêve. Dans les traces, il trouva une sorte de lien. Ces petits traits misérables sans autre importance que d’avoir été laissées par le bruant. Ce bruant, qui avait fait des centaines, peut-être des milliers de kilomètres, pour pouvoir poser ses empreintes exactement ici, dans la neige devant les pieds d’Anton.
Jørn Riel, Un safari arctique
Editions 10/18, 1976, 1994 pour la traduction française.
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Dec 11, 2012 | Arts, Photo, Sur les portulans |
Deux clichés permettant de respirer l’air d’un temps qui n’est (presque) plus… (more…)
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