La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 7 : Le Grand Bazar (Kapalı­çarşı) et la mos­quée Baye­zid II (Beyazıt Camii)

La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 7 : Le Grand Bazar (Kapalı­çarşı) et la mos­quée Baye­zid II (Beyazıt Camii)

Épi­sode pré­cé­dent : La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 6 : Sokol­lu Meh­med Paşa Kül­liye­si (Kadır­ga)

Istanbul - avril 2012 - jour 2 - 045 - Nuruosmaniye Camii

On m’a­vait pré­ve­nu ! Le grand bazar, c’est une immense blague, c’est plein de tou­ristes amé­ri­cains en ber­mu­das qui viennent dépen­ser des for­tunes pour cou­vrir de toc leur épouse en Guc­ci et Cha­nel. Effec­ti­ve­ment, beau­coup d’argent qui passe d’une main à l’autre, beau­coup de monde, beau­coup de char­la­tans, beau­coup de vol ins­ti­tu­tion­na­li­sé, bref, tout ce qui com­pose une par­faite carte pos­tale pour cars de tou­ristes chi­nois (exit les Japo­nais). Pour­tant se rendre dans le grand bazar ne manque pas de charme. C’est un peu une plon­gée en apnée dans un monde de sirènes qui vous vantent leurs pro­duits et vous prient ins­tam­ment de visi­ter leur bou­tique pour com­men­cer à vous vendre quelque chose, n’im­porte quoi, tout, pour­vu que vous sor­tiez les Atatürk. Pas­sée la noyade, on prend vite l’air ren­fro­gné de celui qui ne cherche rien en par­ti­cu­lier et sou­haite qu’on lui laisse le pas­sage, et comme avec les chiens de garde, sur­tout, ne jamais les regar­der dans les yeux… On vous pré­vient, n’a­che­tez rien sans l’a­voir au préa­lable négo­cié, il existe des tech­niques pour cela… Pour évi­ter le monde, il faut évi­ter le grand bazar. Pour­tant, c’est avec une cer­taine délec­ta­tion que je me suis plon­gé dedans, je vou­lais connaître ça. (more…)

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Empe­reurs infor­tu­nés de Byzance (2) : la Basi­lis­sa et l’Aveugle

Constan­tin VI, Irène l’A­thé­nienne, Léon III, Constan­tin V et Léon IV

Léon IV le Kha­zar, qui fut empor­té par son amour immo­dé­ré des richesses dorées et des bre­loques et en par­ti­cu­lier de sa cou­ronne fétiche, était le père d’un des empe­reurs les plus mal­chan­ceux de l’his­toire de Constan­ti­nople, Constan­tin VI, fils d’I­rène l’A­thé­nienne. A la mort de son père, n’ayant que 9 ans, sa mère prit la régence de l’Em­pire, réta­blis­sant et per­met­tant pour un temps le culte des icônes qui fut à cette époque un des enjeux majeurs de la poli­tique reli­gieuse (concile de Nicée II). Per­son­nage des plus effa­cés, sans réel pou­voir, com­plè­te­ment étouf­fé par une mère qui de régente se fait nom­mer basi­lis­sa (βασίλισσα, reine) à la suite du suc­cès de ce concile, Constan­tin, jaloux de son pou­voir, s’al­lie aux ico­no­clastes pour reprendre les rênes de l’Em­pire, sans réel suc­cès. Ses défaites face aux Bul­gares qui poussent aux portes de Constan­ti­nople et son image désas­treuse liée au fait qu’il ait divor­cé puis se soit rema­rié avec une incon­nue, Théo­do­ra, que le peuple même appe­lait son auguste putain, en firent un empe­reur détes­té du peuple autant que de sa cour, qu’il a réus­si à se mettre à dos par une savante manœuvre par­ti­cu­liè­re­ment éclai­rante sur sa couar­dise : (more…)

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La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 6 : Sokol­lu Meh­met Paşa Kül­liye­si (Kadır­ga)

La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 6 : Sokol­lu Meh­met Paşa Kül­liye­si (Kadır­ga)

Épi­sode pré­cé­dent : La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 5 : Divan Yolu Cad­de­si et Çemberlitaş

Istanbul - avril 2012 - jour 4 - 003 - Sokollu Sehit Mehmet Pasha Camii

Dans le quar­tier de Kadır­ga, à deux pas de l’hô­tel, je passe le soir venu devant un bâti­ment avec une grande porte verte flan­quée d’un pal­mier défrai­chi et encore ouverte alors qu’il est presque 21 heures. En venant du bas de la rue, rien n’in­dique qu’on est en face d’une des plus belles mos­quées d’Is­tan­bul. Construite sur le flanc d’une des col­lines de la ville, son com­plexe s’é­tend sur tout un pâté de mai­son qu’on peut à peu près appré­cier lors­qu’on des­cend Katip Sinan Camii Sokak, seule rue qui donne une belle pers­pec­tive sur l’en­semble, même si on voit plus les che­mi­nées de la medrese que la cour de la mos­quée elle-même. Son plan est tout à fait par­ti­cu­lier puisque, comme dans une autre mos­quée que je visi­te­rai plus tard du côté d’E­minönü, il faut mon­ter une grande volée de marches pour se retrou­ver dans la cour, face au şar­di­van. Face aux murs laté­raux de l’en­trée, sur le par­vis, sont age­nouillés de jeunes gar­çons qui se balancent en ânon­nant des textes dont je n’ar­rive pas à recon­naître la langue. Tan­tôt debout, tan­tôt assis, ils expriment par ce balan­ce­ment leur fer­veur. Trou­blé par leurs gestes, je finis par me deman­der s’ils ne sont pas juifs, alors j’é­mets des hypo­thèses hasar­deuses, me disant qu’ils viennent peut-être ici par qu’il y a peu de syna­gogues en ville, mais je me rai­sonne vite : nous sommes dans une medrese, une école cora­nique, et ils ne sont là que pour apprendre les ver­sets du Coran et les réci­ter. D’ailleurs, l’homme que j’a­vais vu la veille leur par­ler a un aspect sévère et le cha­risme d’un homme d’é­glise. Veste verte posée sur les épaules, cha­chia noire, barbe blanche taillée en pointe sur un visage angu­leux, il n’a rien de sym­pa­thique. C’est pour­tant lui qui sur­veille les allées et venues des quelques per­sonnes qui y entrent. (more…)

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La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 5 : Divan Yolu Cad­de­si et Çemberlitaş

La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 5 : Divan Yolu Cad­de­si et Çemberlitaş

Épi­sode pré­cé­dent : La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 4 : Kadır­ga Mey­danı et Emir Sinan Mahallesi

Istanbul - avril 2012 - jour 7 - 002 - Gazi Atik Ali Paşa Cami

Où que l’on soit à Istan­bul, d’où qu’on vienne et où qu’on aille, il est dif­fi­cile de ne pas pas­ser par Divan Yolu Cad­de­si. Cette artère qui tra­verse la ville d’est en ouest et qui sur une bonne par­tie est inter­dite à la cir­cu­la­tion (sauf au tram­way et à quelques taxis) est en réa­li­té l’an­tique Mésè, une route com­men­çant au Milion, autre­fois maté­ria­li­sé par un arc et qui mar­quait le point de réfé­rence à par­tir duquel toutes les dis­tances étaient cal­cu­lées (dont il ne reste aujourd’­hui plus qu’un frag­ment dis­cret non loin de la citerne basi­lique) et qui rejoi­gnait aux limites de la muraille de Théo­dose la porte dorée don­nant accès à la route vers Rome. Cette route tra­ver­sait alors le forum de Constan­tin, dont il ne reste plus aujourd’­hui qu’une colonne au som­met de laquelle l’Em­pe­reur était repré­sen­té sous la forme d’Apollon-Hélios, colonne qu’on appelle aujourd’­hui en turc Çem­ber­li­taş ou colonne cer­clée. (more…)

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La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 4 : Kadır­ga Mey­danı et Emir Sinan Mahallesi

La rose et la tulipe, car­net de voyage à Istan­bul 4 : Kadır­ga Mey­danı et Emir Sinan Mahallesi

La rose et la tulipe

Car­net de voyage à Istan­bul 4 : Kadır­ga Mey­danı et Emir Sinan Mahallesi

Nous sommes entrés dans Istan­bul sous une pluie bat­tante, et la pre­mière image qui nous est appa­rue au tra­vers des vitres sales et embuées du taxi orange dont les essuie-glaces semblent ne fonc­tion­ner que sur le mode inter­mit­tent, c’est la longue ave­nue qui borde la mer de Mar­ma­ra, avec ses res­tau­rants de pois­son, les mar­chés aux éta­lages géné­reux où reposent, la gueule ouverte, des bêtes impres­sion­nantes ; raies, tur­bots, flé­tans. Nous tra­ver­sons la muraille de Théo­dose, puis la gare mari­time de Yeni­kapı dont les vedettes rapides filent vers l’A­sie, Bur­sa ou les îles des Princes, et tou­jours en conti­nuant Ken­ne­dy Cad­de­si vers le cœur de la ville, le chauf­feur qui semble blo­qué du cou essaie par des mou­ve­ments brusques de se décoin­cer, mais sans suc­cès. C’est un homme d’une tren­taine d’an­nées, engon­cé dans un par­des­sus en laine trop petit pour lui, mal rasé et dont le regard par des­sous en rai­son de son cou blo­qué peut sem­bler mena­çant. Il ne décroche pas un mot de tout le voyage, me lais­sant une impres­sion un peu froide pour un pre­mier contact. Nous nous enfon­çons dans la vieille ville en pas­sant sous la voie de che­min de fer : c’est un autre uni­vers ici, petites rues pavées dégou­li­nantes de pluie et de boue, mai­sons de bois s’a­van­çant sur la rue, des qui­dams tra­versent dans tous les sens devant le taxi qui ne s’embarrasse pas de la pré­sence des autres. Le taxi s’ar­rête pour deman­der son che­min à un jeune homme por­tant che­mise blanche et gilet bla­son­né ; je le retrou­ve­rai plus loin puisque c’est lui qui por­te­ra les valises jusque dans la chambre. Juste avant d’ar­ri­ver là, nous arri­vons sur une grande place ver­doyante, aux mas­sifs plan­tés de tulipes qui ont souf­fert de la pluie et du vent. Je me dis que c’est le quar­tier que je vais avoir pour hôte pen­dant quelques jours, tout va gra­vi­ter autour ce petit quar­tier popu­laire ani­mé, ce café des sports où les hommes sont entre eux à boire du thé ou à regar­der les matches de foot endia­blés la nuit tom­bée, ces petites rues qui ne paient pas de mine par­tant en étoile depuis la place et où pour­tant siège la vraie vie stam­bou­liote, loin du tumulte du centre de la ville.

Istanbul - avril 2012 - jour 1 - 054 - Kadırga Meydanı Parki

Kadır­ga Meydanı

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