La rose et la tulipe, carnet de voyage à Istanbul 6 : Sokollu Mehmet Paşa Külliyesi (Kadırga)
Épisode précédent : La rose et la tulipe, carnet de voyage à Istanbul 5 : Divan Yolu Caddesi et Çemberlitaş
Dans le quartier de Kadırga, à deux pas de l’hôtel, je passe le soir venu devant un bâtiment avec une grande porte verte flanquée d’un palmier défraichi et encore ouverte alors qu’il est presque 21 heures. En venant du bas de la rue, rien n’indique qu’on est en face d’une des plus belles mosquées d’Istanbul. Construite sur le flanc d’une des collines de la ville, son complexe s’étend sur tout un pâté de maison qu’on peut à peu près apprécier lorsqu’on descend Katip Sinan Camii Sokak, seule rue qui donne une belle perspective sur l’ensemble, même si on voit plus les cheminées de la medrese que la cour de la mosquée elle-même. Son plan est tout à fait particulier puisque, comme dans une autre mosquée que je visiterai plus tard du côté d’Eminönü, il faut monter une grande volée de marches pour se retrouver dans la cour, face au şardivan. Face aux murs latéraux de l’entrée, sur le parvis, sont agenouillés de jeunes garçons qui se balancent en ânonnant des textes dont je n’arrive pas à reconnaître la langue. Tantôt debout, tantôt assis, ils expriment par ce balancement leur ferveur. Troublé par leurs gestes, je finis par me demander s’ils ne sont pas juifs, alors j’émets des hypothèses hasardeuses, me disant qu’ils viennent peut-être ici par qu’il y a peu de synagogues en ville, mais je me raisonne vite : nous sommes dans une medrese, une école coranique, et ils ne sont là que pour apprendre les versets du Coran et les réciter. D’ailleurs, l’homme que j’avais vu la veille leur parler a un aspect sévère et le charisme d’un homme d’église. Veste verte posée sur les épaules, chachia noire, barbe blanche taillée en pointe sur un visage anguleux, il n’a rien de sympathique. C’est pourtant lui qui surveille les allées et venues des quelques personnes qui y entrent. (more…)
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