Mini­ma­liste du same­di matin #3

DistanceJe me répète sou­vent comme pour se récon­for­ter que je suis bien dans mon blog — signe des temps et concept moderne, on n’est plus “bien dans sa tête”, ou “bien dans ses bas­kets” (ça fait exces­si­ve­ment 80’s), désor­mais on est bien dans son blog — que j’y trouve un cer­tain équi­libre en ne suc­com­bant pas devant les affres de la faci­li­té et en réus­sis­sant tout de même à embar­quer avec moi un petit nombre de lec­teurs plus ou moins visibles. C’est avec une cer­taine joie que ce matin je le retrouve pour ma mini­ma­liste, après une soi­rée courte et fati­gante, faite de ravio­lis, de gin et de limo­nade pour boire à rien, de quelques lapins cré­tins et d’une émis­sion d’Arte, sur la rura­li­té en Alle­magne — j’ai vu une vache mettre bas et un ber­ger jouer du fouet (et un homme dire Heu­reu­se­ment que l’eau tombe vers le bas, si elle tom­bait vers le haut, ça débor­de­rait…) — et enfin de quelques lignes de la Mer de la Tran­quilli­té, du qué­bé­cois Syl­vain Tru­del. Un jour, je vous dirai.

 

Le soleil ce matin emplit mon appar­te­ment et le réchauffe de sa nuit ter­ro­ri­sante. Je me répète à l’in­fi­ni ces lignes du poète Pes­soa, lita­nie des temps anciens, ode dio­ny­siaque ou chant dédié à Pan…

Le clair de lune à tra­vers les branches hautes,
Ils disent les poètes, tous les poètes, qu’il est davantage
Que le clair de lune à tra­vers les branches hautes.

Mais pour moi, qui ne sais pas ce que je pense,
Ce que le clair de lune à tra­vers les branches hautes
Est, en plus d’être
Le clair de lune à tra­vers les branches hautes
(Ain­si que je le dis, puis­sé-je aus­si l’entendre)
C’est qu’il n’est rien de plus
Que le clair de lune à tra­vers les branches hautes.

Fer­nan­do Pes­soa, le Gar­deur de trou­peaux, XXXV

PS: ce matin, il fait 23°C à Assouan, en Nubie.
PPS: en forme de mes­sage per­so, je vais cher­cher ma voiture…

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