Impri­més suisses du XVIe siècle

Grâce à la bien­veillance et à la grande curio­si­té de mon amie (à moi), j’ai pu décou­vrir ce site où sont  regrou­pés plus de 800 docu­ments numé­ri­sés dont plus de 500 impri­més du XVIè siècle, conser­vés dans plu­sieurs biblio­thèques suisses. Un tré­sor qu’on peut com­pul­ser (j’aime beau­coup ce mot qui s’ap­plique prin­ci­pa­le­ment aux livres) à dis­tance, calé dans un fau­teuil ou n’im­porte où dans le monde. Flo­ri­lège… On pour­rait y pas­ser des heures…

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Délices du Caire et de la nuit d’orient

Source BNF

De la nuit cai­rote, je res­sens encore les odeurs et les cou­leurs, la pous­sière du désert sur les trot­toirs, je revois les murs de terre sèche, le Nil majes­tueux reflé­tant à l’in­fi­ni un soleil écra­sant. Visite gui­dée par­mi les rayon­nages de la bibliothèque.

Avec Gas­ton Mas­pe­ro et son Guide du visi­teur au Musée du Caire (1902). Une visite vir­tuelle dans le célèbre musée par un égyp­to­logue de renom.

Cinq mois au Caire et dans la Basse Égypte / par Gabriel Charmes, 1880, un texte suave et moderne. (more…)

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Fruits sucrés du passé

Louis VIII par Hen­ri Leh­mann,
châ­teau de Versailles

Le roi de France Louis VIII, dit Le Lion, fils de Phi­lippe-Auguste, mari de Blanche de Cas­tille et père du futur Louis IX, plus connu sous le nom de Saint-Louis, était un homme d’une pié­té exem­plaire. Son his­toire est tra­gique. Par­ti en croi­sade contre les Albi­geois sou­te­nus par Ray­mond VII, comte de Tou­louse (gra­ve­ment sus­pec­té de ne pas avoir vou­lu cau­tion­ner le mas­sacre des héré­tiques Cathares), il mène ses troupes aux portes d’A­vi­gnon qui fini­ra par tom­ber puis aux portes de Tou­louse. Mais l’hi­ver, ses mala­dies et les déser­tions auront rai­son de son armée. Le Roi de France Louis VIII sera frap­pé par la dysenterie.
Il lui aurait pour­tant suf­fi de prendre le trai­te­ment qu’on recom­man­dait à l’é­poque pour chas­ser le mal : cou­cher avec une jeune vierge, mais le Roi était pieux et refu­sa. Il mou­rut en 1226 dans d’a­troces souf­frances (près de la natio­nale 9), à Mont­pen­sier. Entre la dys­en­te­rie et cou­cher avec la vierge, mon cœur balance.

En par­lant de pieux, voi­ci une petite anec­dote qui appar­tient éga­le­ment à l’Histoire.
Mame­louk (مملوك) est un terme arabe qui signi­fie pos­sé­dé. Les mame­louks n’é­taient ni plus ni moins que d’an­ciens esclaves qui se consti­tuaient en milices au ser­vice d’un calife otto­man. Ils enva­hirent l’É­gypte à par­tir de 1250 et mal­gré le fait qu’ils étaient de grands bâtis­seurs (et pilleurs éga­le­ment) et des artistes hors-pair, lais­sant leur trace dans tous les plus beaux monu­ments de l’É­gypte ayyu­bide, ils n’é­taient pas spé­cia­le­ment répu­tés pour leur déli­ca­tesse comme en témoigne l’o­ri­gine de leur nom. Leurs occu­pa­tions consis­taient sur­tout à pas­ser à peu près tout le monde au fil de leur lame recour­bée. Leurs sup­plices pré­fé­rés étaient al-taw­sit et al-kha­zuq.
Al-kha­zuq consiste à empa­ler les corps, tan­dis que al-taw­sit consiste à les décou­per en deux à par­tir de l’ab­do­men. Une raf­fi­ne­ment suprême.

Je ne me lasse jamais de ces petits faits qui font la grande histoire…

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Mud­hif Ma’­dan et Yazi­di, Wil­fred The­si­ger le nomade #4

Entre 1950 et 1958, Wil­fred The­si­ger se rend en Irak. A cette époque-là, Sad­dam Hus­sein n’a pas encore mené son coup d’é­tat dans ce pays jeune dont l’in­dé­pen­dance est pro­cla­mée en 1932. Avant 1968, l’I­rak est un pays ron­gé par les com­mu­nau­ta­risme et un fort sen­ti­ment anti­sé­mite qui condui­ra les 125000 juifs ira­kiens à affluer en Israël, ain­si que par des ten­sions entre la répu­blique ins­tau­rée et sou­te­nue par le Troi­sième Reich et la monar­chie pro­mue par le Royaume-Uni. Loin de ces conflits d’in­té­rêt, The­si­ger pas­se­ra quelques temps par­mi les Yazi­di (يزيدي), dans le nord du pays (région de Mos­soul et de Ninive) puis au sud, dans la région des marais située dans le bas­sin du Tigre et de l’Eu­phrate (entre les tris­te­ment célèbres villes de Bas­so­rah, Nasi­riyah et le bar­rage de Kut), par­mi les Arabes des Marais (عرب الأهوار), les Maa­dans ou Ma’­dans (معدان).

Les Yazi­di font par­tie de ces peuples trop sou­vent per­sé­cu­tés parce que mino­ri­taires, confi­nés dans les arrière pays et par­lant kurde. Les musul­mans les appellent impro­pre­ment « les ado­ra­teurs du Diable ». Le Yézi­disme est un syn­cré­tisme reli­gieux dans lequel on adore aus­si bien l’ange-paon Taous‑i Malek, oiseau qui repré­sente Satan, que le cheikh Adi ibn Mus­ta­fa, fon­da­teur de leur reli­gion et observent éga­le­ment les fon­de­ments du zoroas­trisme. Les Yazi­di, mal­gré une volon­té farouche de ne pas prendre part dans le conflit qui secoue l’I­rak depuis 2003, ont payé un lourd tri­but puisque leur com­mu­nau­té a été vic­time de l’at­ten­tat sui­cide le plus meur­trier depuis le 11 sep­tembre 2001, dans la pro­vince de Ninive avec plus de 570 morts (cet atten­tat est en rela­tion directe avec la lapi­da­tion de la jeune Yazi­di Doaa Kha­lil Assouad).

Pho­to extraite de son livre Visions d’un nomade, chez Plon, 1987, coll. Terre humaine.

Dans le sud du pays, The­si­ger arrive pour une période de quinze jours, his­toire de pas­ser un peu de temps à chas­ser le canard dans cette région fon­ciè­re­ment giboyeuse par­mi les Ma’­dans. Il y res­te­ra fina­le­ment sept ans. C’est dans cette région qu’est cen­sée s’être trou­vé le Jar­din d’É­den et c’est éga­le­ment une région infes­tée de mous­tiques où l’on ne se déplace qu’à l’aide d’embarcations longues d’une dizaine de mètres sur un au plus de large. Lors des inon­da­tions qui ont eu lieu en 1954, le niveau de l’eau a mon­té de plus de deux mètres, rédui­sant consi­dé­ra­ble­ment les aires de vie des autoch­tones, mais ils se sont adap­tés et ont bâti des îlots arti­fi­ciels. Lorsque le Sheikh pro­pose à The­si­ger d’ha­bi­ter une hutte confor­table, une mai­son d’hôte appe­lé mud­hif, une construc­tion faite de roseaux géants en tun­nel pou­vant atteindre 26 mètres de lon­gueur, il refuse, pré­tex­tant qu’a­près avoir vécu dans le désert avec les Rashid, il est habi­tué à l’in­con­fort et sou­haite être logé à la même enseigne que n’im­porte quel Ma’dan.
Les Ma’­dan ont subi les foudres de Sad­dam Hus­sein lors­qu’au len­de­main de la guerre Iran-Irak, celui-ci se ren­dit compte qu’ils avaient aidé les déser­teurs ira­kiens et qu’ils avaient éga­le­ment par­ti­ci­pé à l’in­sur­rec­tion de 91 ; il leur en tint une ran­cune mor­telle. Il fit assé­cher les marais et la popu­la­tion des Ma’­dans pas­sa de 250.000 à quelques dizaines de mil­liers, rava­geant à la fois un éco­sys­tème de terre humide unique au monde et déci­mant une popu­la­tion au mode de vie millénaire.

Pho­to © Wil­fred Thesiger

Billet sui­vant: La voix du vieil homme au visage de sable, Wil­fred The­si­ger le nomade #5

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