Les Maun­sell sea forts

Pho­to © slimmer_jimmer

Que sont ces tours plan­tées dans l’estuaire de la Tamise ? Construites en 1942, elles avaient pour voca­tion la sur­veillance mari­time de Londres. Chaque fort est consti­tué de 7 tours reliées entre elles par des pon­tons sur un sché­ma iden­tiques, une tour prin­ci­pale, une de contrôle, une tour phare, quatre tours armées et une canon­nière, le tout arri­mé à 30 mètres de pro­fon­deur. Le Nore Army Fort, après avoir subi de graves dom­mages (suite à une tem­pête et une col­li­sion avec un navire) a été déman­te­lé en 1959, et aujourd’­hui, ne res­tent que les forts de Red Sands et Shi­ve­ring Sands. Aujourd’­hui, ils ne sont plus guère uti­li­sés, sont à l’a­ban­don et fer­més au public, mais ils res­tent une curio­si­té pour les nom­breux plai­san­ciers pas­sant à proximité.

Les Maun­sell sea forts sur Undergroundkent.com via l’ex­cellent BLDG­BLOG.

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Voir et dire

Voi­ci venu le temps du retour des pro­jets que l’on fait seul ou à plu­sieurs… L’é­lan col­lec­tif a par­fois le goût de l’é­mu­la­tion et per­met de sou­te­nir ce qu’on n’ar­rive pas tou­jours à por­ter seul. You see what I mean est un pro­jet que l’on a com­men­cé à 2 avec Fabienne et qui ne méri­tait pas de s’ar­rê­ter en si bon che­min. Ouvert et entre­te­nu avec soin, il est pré­sent dans tous les bacs depuis le 18 novembre 2008 et repren­dra dès lun­di avec le numé­ro 34, ici désor­mais.

yswim

Et Charles Quint, c’est peut-être la pein­ture ? me dit-il — le coup de grâce.

Jean-Phi­lippe Tous­saint, la Télévision
Édi­tions de Minuit.

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Lettre à Marjane

Ma très chère Mar­jane, Tu ne me connais pas, mais voi­là, je me décide à prendre la plume et à t’é­crire enfin. Je viens de ter­mi­ner le troi­sième tome de Per­se­po­lis, et je m’ap­prête à com­men­cer le der­nier. Déjà, je me demande com­ment je vais gérer cette fin pro­gram­mée puisque je sais que der­rière il n’y aura plus rien. L’his­toire se ter­mine là.

 

Marjane-Satrapi

Mar­jane Satra­pi © imdb.com

Il y a encore peu de temps, je ne te connais­sais que de nom depuis quelques années, depuis que Per­se­po­lis est arri­vé sur le devant de la scène comme un OVNI, parce que for­cé­ment, une bédéaste ira­nienne, rien que dans l’in­ti­tu­lé, ça attire soit le regard, soit une néces­saire méfiance. C’est lorsque je t’ai vu sur un pla­teau d’Arte avec Dany le Rouge que j’ai déci­dé qu’il fal­lait que je te lise (je me sou­viens, ce soir là, je me disais que j’é­tais content de ne pas avoir oublié que les intel­lec­tuels de gauche des années 70 sont ceux-là même qui ont por­té la révo­lu­tion isla­mique au pou­voir dans ton pays, pour des rai­sons indé­fen­dables). A pré­sent, je sais que je vais devoir aller me cou­cher le soir en empor­tant autre chose qu’un de tes volumes, et rien que d’y pen­ser, je me sens déjà miné par une sorte de nos­tal­gie sourde. En fait, je veux sim­ple­ment t’é­crire pour te remer­cier de mille choses ; tu le mérites amplement.

Tout d’a­bord, je suis heu­reux de t’a­voir connu. Heu­reux, car j’ai l’im­pres­sion que tu as remis énor­mé­ment de choses à leur place. La place de l’I­ran dans le monde d’a­bord, on avait presque oublié ce pays tor­tu­ré. Je me sou­viens, lorsque j’é­tais gamin ; l’I­ran, l’I­rak, le Liban, tout ceci a long­temps fait par­tie de mon quo­ti­dien et du jour­nal télé­vi­sé que je regar­dais avec mes grands-parents, et bien évi­dem­ment, je n’y com­pre­nais rien. Tu as pris le temps de m’ex­pli­quer. Tu m’as éga­le­ment expli­qué ce qu’est être une femme en Iran. Au début, évi­dem­ment, on ne com­prend pas trop, naï­ve­ment, pour­quoi ces femmes que l’on voit repré­sen­tées, ta mère, ta grand-mère, aux che­veux tom­bants sur les épaules… Oui, parce que c’é­tait comme ça avant, on ne por­tait pas le voile, les che­veux volaient aux vents, et femmes que vous étiez, vous pou­viez sor­tir dans la rue sans vous atti­rer la vin­dicte des hommes. Et puis en Iran, selon la tra­di­tion, c’est l’homme qui apporte la dot avant le mariage… Tout un symbole.

L’I­ran, c’est la Perse, et tu m’as fait com­prendre aus­si que ça avait son impor­tance au vu du pas­sé de cette nation. En quelques mots, tu m’as fait décou­vrir le peuple perse, sa langue, mais j’ai décou­vert éga­le­ment ta vie, car c’est prin­ci­pa­le­ment de ça dont il est ques­tion, de ton ado­les­cence, de ton départ pour l’Au­triche parce que tes parents ne vou­laient pas que tu subisses la vio­lence de la guerre. J’ai aimé suivre ton par­cours, com­pa­ti avec ta soli­tude et ta déprime, ten­té de com­prendre les bri­sures de ton exis­tence, et j’au­rais tant vou­lu te ser­rer dans mes bras lorsque tu étais si seule et ras­su­rer tes parents qui conti­nuaient à vivre là-bas à Téhéran.

Voi­là, pour moi l’a­ven­ture est bien­tôt ter­mi­née, mais j’ai ado­ré être ému aux larmes par ton his­toire et pour ça encore, je vou­drais te remer­cier et te dire que je ne suis pas prêt de t’ou­blier, toi, et ton grain de beau­té sur le côté du nez…

Per­se­po­lis, Mar­jane Satrapi
L’As­so­cia­tion (Col­lec­tion Cibou­lette) 4 tomes.

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